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GRÈCE Langue et littérature

Littérature

De Byzance à l'indépendance

Avant la prise de Constantinople

Du xe siècle à la révolution de 1821, le sort de l'hellénisme est lié à toute une série de péripéties, dont la domination franque (prise de Constantinople, 1204) et la domination ottomane (prise de Constantinople, 1453), constituent les périodes les plus caractéristiques. Cependant, si les Francs greffèrent la civilisation occidentale sur celle de Byzance, les Turcs ne tardèrent pas à montrer que leur occupation ne donnait aucune garantie ou perspective civilisatrices. Echappant longtemps au joug ottoman, quelques îles grecques (Rhodes, Chypre, Crète, îles Ioniennes) furent les principaux centres littéraires, où l'esprit de la Renaissances put s'épanouir.

En pleine époque byzantine, une grande épopée, DigénisAcritas, dont la forme initiale date du début du xie siècle est la première œuvre à présenter des éléments néo-helléniques ; l'auteur, s'inspirant de chansons populaires du ixe et du xe siècle qui célèbrent les luttes des acrites (gardes-frontière), sut combiner son érudition avec les sources populaires authentiques. Plus tard, d'autres œuvres, dont Poèmes prodromiques et Spanéas se situent dans l'atmosphère de la cour byzantine. La période de la domination franque est surtout représentée par la Chronique de Morée, long poème écrit vers 1300 sur la conquête du Péloponnèse. Au xive et au xve siècle, quelques romans de chevalerie en vers (Libistros et Rodamné), tout en conservant la tradition byzantine et populaire, témoignent d'une influence croissante de l'Occident : certains d'entre eux ne sont en fait que des adaptations d'œuvres étrangères. Les mêmes caractéristiques apparaissent plus ou moins dans d'autres poèmes du xve siècle, tels L'Achilléideet la Geste de Bélisaire où la légende populaire joue un rôle capital. On peut aussi mentionner des fables animalières (ainsi le Pulologus, « livre de l'oiseau »), dans lesquelles l'élément didactique alterne avec la satire et l'humour.

La littérature des îles

Après la prise de Constantinople (1453), plusieurs érudits hellènes installés à l'étranger contribuent au mouvement de la Renaissance, mais leur apport à la littérature proprement dite est presque insignifiant. Il en va de même pour les régions soumises aux Turcs, où il n'y a pas de place pour la création littéraire, sinon pour la chanson populaire qui connaît, au cours des siècles suivants, une floraison remarquable.

Restent les îles grecques qui, ayant gardé plus longtemps leur indépendance vis-à-vis des Turcs, maintinrent un contact étroit avec l'Occident. Fait nouveau – bien que dialectal –, c'est la langue populaire parlée qu'utilise toute cette littérature insulaire. Rhodes, avant de tomber au pouvoir des Turcs (1522), eut le temps de produire, au xve siècle, des poèmes comme les Alphabets d'amour et les Jeux d'amour et d'inspirer un poète, E. Géorgillas (La Peste de Rhodes). Chypre se distingue par sa prose : Assises de Chypre, les Chroniques de L. Machairas (xve siècle) et de G. Boustrone (xvie siècle), alors que, plus tard, les Poèmes d'amour chypriotes (xvie siècle), d'une fraîcheur et d'un lyrisme peu communs, témoignent de l'influence italienne, surtout du pétrarquisme.

L'emprise de l'Italie fut la plus forte en Crète, où la domination vénitienne (1204-1669), exercée là plus longuement qu'ailleurs, ne priva point l'île des conditions favorables à un épanouissement des arts. Dès le xvie siècle se manifestent plusieurs poètes crétois plus ou moins importants : G. Choumnos (fin du xve), M. Sclavos (début du xvie), S. Sachlikis (début du xvie). Le chef-d'œuvre de cette période est l'Apokopos de Bergadis (début du xvie), poème[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée
  • : membre de l'Institut
  • : professeur de littérature néo-hellénique à l'université de Salonique

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