GRECO (1541-1614)
Rome (1570-1577) : le cercle érudit du palais Farnèse
Le désir de connaître l'antique, les œuvres de Raphaël ou de Michel-Ange peut expliquer son départ pour Rome : grâce au miniaturiste Giulio Clovio, il reçut dès novembre 1570 la protection du cardinal Alexandre Farnèse et s'intégra au groupe d'érudits du palais Farnèse, dominé par la personnalité du bibliothécaire Fulvio Orsini. L'Enfant allumant une chandelle (Capodimonte, Naples), ekphrasis (description littéraire) tirée de Pline l'Ancien, peut symboliser la culture antique de ce cercle d'érudits, mais montre aussi que Greco restait fidèle aux jeux de lumière vénitiens. Son intérêt pour le traitement de la forme chez Michel-Ange est fondamentalement plus fort que l'agacement suscité par la vénération portée à la mémoire du maître : la Pietà (Hispanic Society, New York) comme, plus tard, Saint Sébastien (vers 1577, cathédrale de Palencia) s'inspirent nettement de sculptures michel-angelesques. Cependant, bien qu'il ait peut-être participé au décor du palais de Caprarola et ait été admis en 1572 à l'Académie de Saint-Luc, il n'obtint guère de commandes officielles de la papauté ou des cardinaux et n'exécuta, semble-t-il, que quelques portraits (Giulio Clovio, Capodimonte, Naples, et Vincenzo Anastagi, Frick Collection, New York). Sûr de son talent mais déjà âgé de trente-cinq ans, Greco devait chercher ses mécènes ailleurs. Deux circonstances le conduisirent, en 1577, en Castille : comme tout le milieu artistique romain, il savait que Philippe II cherchait des artistes pour le décor de l'Escurial et il était attiré par cette perspective de mécénat royal. D'autre part, son ami Luis de Castilla, qu'il rencontra à Rome, pouvait lui procurer quelques commandes importantes à Tolède : son père était le doyen du chapitre de la cathédrale. Greco se trouve en juillet 1577 à Tolède, mais il ne s'agit pas encore d'une installation définitive : il réside sans doute aussi à Madrid, nouvelle capitale du royaume et résidence favorite du souverain.
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Écrit par
- Véronique GERARD-POWELL : maître de conférences en histoire de l'art moderne à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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