GRÉGOIRE DE TOURS saint (538?-594)
Georges Florent, qui devait ajouter aux noms de son grand-père et de son père celui de son arrière-grand-père maternel l'évêque de Langres, Grégoire (mort en 539 env.), naquit à Clermont en Auvergne le 30 novembre 538 (ou 539). Il appartenait à la vieille noblesse gallo-romaine, mais sa famille ne dédaignait pas de servir les rois barbares. Son père mourut jeune. Grégoire fut élevé par sa mère, qui s'était installée près de Cavaillon, puis par son oncle l'évêque de Clermont, Gall (mort en 551), enfin par l'archidiacre Avit. De santé fragile, Grégoire attribua à des saints plusieurs guérisons qu'il estimait miraculeuses ; il avait quatorze ans quand saint Allyre le délivra de douleurs d'estomac, vingt-quatre lors de son premier pèlerinage à Tours, où saint Martin le débarrassa de pustules malignes. Il séjourna ensuite, en 563, à Lyon, auprès de son oncle, l'évêque Nizier. Ordonné diacre, il fut envoyé à la basilique Saint-Julien, à Brioude. Il y résidait quand il fut élevé à l'évêché de Tours durant l'été 573, certainement grâce au roi d'Austrasie, Sigebert Ier (561-575), et à la reine Brunehaut. Son épiscopat fut constamment troublé par les querelles des princes mérovingiens. Il s'opposa fréquemment au roi de Neustrie, Chilpéric dont il décrivit avec un humour féroce les essais malheureux en fait de théologie, de versification ou de création de lettres supplémentaires de l'alphabet. Le roi de Bourgogne, Gontran (561-592), gagna l'estime de l'évêque, qui ne vit sans doute pas que l'habileté politique de Gontran n'était pas toujours honnête. Ses relations avec le roi d'Austrasie, Childebert II (575-595), furent assez paisibles. Grégoire mourut à Tours, probablement le 17 novembre 594. Plus tard, on le vénéra comme saint à Tours et à Clermont.
Évêque d'une des villes les plus importantes des Gaules, obligé de voyager pour traiter des affaires politiques ou pour assister à des conciles, doué d'un esprit curieux, Grégoire de Tours commença à écrire dès le début de son épiscopat.
Il traduisit La Passion des Sept Dormants d'Éphèse, rassembla Les Miracles de l'apôtre saint André, disserta sur La Course des étoiles et composa un Commentaire du psautier, dont il ne reste que des fragments. Ces opuscules n'ont pas autant d'intérêt que ceux qui concernent les saints gaulois. Il raconta Les Miracles de saint Martin en quatre livres et Les Miracles de saint Julien de Brioude ; il écrivit deux autres recueils, l'un À la gloire des martyrs, l'autre À la gloire des confesseurs. De plus, il réunit des notices sur des saints gaulois dans les Vies des Pères. Mais ce sont surtout les dix livres de son Histoire des Francs qui ont valu à Grégoire de Tours le titre de « père de l'histoire de France ». Les deux premiers livres, qui vont jusqu'à la mort de Clovis (511), contiennent de précieux renseignements mêlés à des banalités et à des naïvetés ; les huit autres, qui s'arrêtent à 591, donnent de la Gaule au vie siècle une image haute en couleur avec une quantité de précieux détails dont on n'a nulle part ailleurs l'équivalent.
Curieux d'histoire, Grégoire cite surtout des écrits de caractère historique et des documents dont beaucoup sont perdus. Il connaît quelques auteurs classiques : Virgile, Salluste, Pline, Aulu-Gelle. Il sait parfaitement qu'il emploie une langue latine fort abâtardie, mais ne s'en inquiète guère. Il écrit pour être compris, et cette simplicité, qui a pu le faire mépriser des pédants, lui a valu l'estime de ceux qui apprécient le naturel et le pittoresque. Bien qu'évêque, Grégoire ne se pique pas de théologie : le symbole de la foi lui suffit pour réfuter les hérétiques qu'il rencontre, des ariens peu cultivés. Mais il est nourri de la Bible et s'en sert[...]
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Écrit par
- Jacques DUBOIS : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
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