GRÉGOIRE VII saint, HILDEBRAND (1020 env.-1085), pape (1073-1085)
L'un des papes les plus importants de l'histoire, personnage tenace et courageux, d'une sainteté de vie indiscutable, canonisé par Paul V en 1606, Grégoire VII a accompli une œuvre que les historiens ont parfois expliquée de façon divergente. Élevé à la suprême dignité de l' Église au cours de la période la plus névralgique de la querelle entre le Sacerdoce et l'Empire, ce moine s'est fixé un double programme : restauration des structures et des mœurs ecclésiastiques qui devait prendre le nom de « réforme grégorienne » ; lutte contre l'investiture laïque et l'hégémonie impériale. Il s'agissait de donner à la papauté un rôle prééminent. C'est peut-être l'étroite imbrication des deux visées qui caractérise le pontificat de Grégoire VII.
La carrière de Hildebrand
Né entre 1015 et 1020 à Soano, en Toscane, dans une famille sans doute modeste, Hildebrand vint très tôt à Rome, où il étudia au monastère Sainte-Marie de l'Aventin et fit probablement profession monastique. Il passa ensuite au service du pape Grégoire VI et, lorsque l'empereur Henri III déposa celui-ci pour son indignité, il le suivit en exil en Allemagne. Revenu à Rome sous Léon IX, il vécut alors à l'abbaye de Saint-Paul, mais en fut tiré par Étienne IX qui l'envoya annoncer à la Cour germanique qu'il avait été élu sans la traditionnelle intervention de l'empereur. Hildebrand s'acquitta au mieux de cette tâche et sut se faire estimer du parti réformateur allemand, qui voulait appuyer la réforme du clergé sur une étroite coopération entre le Sacerdoce et l'Empire.
En 1059, Nicolas II le promut archidiacre de l'Église romaine, lui donnant ainsi une position fort importante. Il fut ensuite le conseiller le plus écouté du pape Alexandre II, qui commençait alors à mettre en œuvre une réforme plus radicale et à se méfier du jeune roi de Germanie, Henri IV, qui était moins disposé à la collaboration. Ce fut sous ce pontificat, semble-t-il, qu'il adopta les thèses du parti le plus ferme en matière de restauration de la vie religieuse, thèses qui comportaient entre autres les refus de l' investiture des évêques par les laïcs.
À la mort d'Alexandre II (1073), son conseiller fut acclamé par les clercs et les fidèles romains pendant la cérémonie funèbre, aux cris de « Hildebrand évêque ! ». Bien que cette désignation fût contraire aux dispositions du récent décret de Nicolas II (1059) sur l'élection pontificale, Hildebrand fut reconnu pape et couronné ; il prit le nom de Grégoire VII.
Il accédait à cette charge suprême après avoir acquis, au cours de ces longues années, la connaissance et l'expérience des problèmes ecclésiastiques et politiques. Très cultivé, enclin à accorder une grande place à la réflexion – une réflexion fondée sur le dogme et la théologie –, mais soucieux aussi des formes juridiques de l'action et connaissant bien le droit canonique, il s'imposa d'emblée comme le chef incontesté du groupe réformateur. Il avait d'ailleurs, pour tenir ce rôle, d'exceptionnelles qualités de caractère : le courage, la ténacité, le goût de l'autorité, et il excellait à dramatiser, par ses attitudes, ses proclamations et ses écrits, les situations dans lesquelles il se trouvait. Il s'imposait enfin aussi par sa sainteté.
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Écrit par
- Marcel PACAUT : professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Lyon-II-Lumière
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