GRÉGOIRE VII saint, HILDEBRAND (1020 env.-1085), pape (1073-1085)
Bilan de la « réforme grégorienne »
Convaincu que la réforme devait au plus vite conduire au rétablissement d'une vie digne dans le clergé, grâce à quoi le christianisme pénétrerait plus profondément dans toute la société et contribuerait à adoucir les mœurs comme à faire régner la justice et la paix, ne concevant pas que cette réforme pût réussir sans être dirigée par une autorité unique, celle du pape, persuadé encore que les structures traditionnelles de l'Église – tendant à la décentralisation et à l'autonomie épiscopale – contenaient en elles des risques graves, Grégoire VII, dès le début de son pontificat, adopta une attitude très énergique à l'encontre des évêques simoniaques ; il se proclama adversaire résolu du mariage des prêtres et prit des mesures contre les clercs vivant en concubinage. Il interdit l'investiture laïque, ce qui le conduisit à un très grave conflit avec l'empereur Henri IV. Dans ce combat, où il ne craignit pas, par deux fois (1076 et 1080), d'excommunier et de déposer le monarque, il reçut l'appui de la comtesse Mathilde de Toscane et des descendants des seigneurs venus jadis de Normandie se fixer dans le sud de l'Italie, inaugurant ainsi une politique d'expansion des États de l'Église dans le centre de la péninsule et une diplomatie fondée sur l'alliance normande. Il n'hésita pas non plus à surveiller les métropolitains et les évêques en confiant des pouvoirs de décision à ses légats.
De nombreux documents, émanant directement de lui, expriment la doctrine qui soutint cette action : Dictatus papae, liste de vingt-sept brèves propositions, publiées sans doute en 1075 et qui proclamaient les décrets souverains du pape en divers domaines ; formules d'excommunication et de déposition, rédigées sur un ton éloquent et vibrant ; deux lettres adressées, à l'occasion de ces sanctions, à Hermann, évêque de Metz.
Grégoire VII mourut à Salerne, après avoir dû fuir Rome devant les entreprises de Henri IV. Apparemment il avait perdu la partie, mais en réalité son programme et ses idées devaient triompher par la suite ; surtout, la réforme dite grégorienne allait, d'une façon générale, être une réussite. Grégoire mourait avec la conviction d'avoir combattu pour une cause juste et sainte.
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Écrit par
- Marcel PACAUT : professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Lyon-II-Lumière
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