ERHART GREGOR (1470 env.-1540)
Sculpteur né à Ulm, Gregor Erhart est signalé dans les archives de la ville entre 1470 et 1522. Sans doute fait-il son apprentissage dans l'atelier de son père le sculpteur Michael Erhart, avant de se fixer à Augsbourg en 1494. C'est d'ailleurs en collaboration avec son père, ainsi qu'avec son compagnon Hans Holbein le Vieux, qu'il devait réaliser le retable de l'abbatiale de Weingarten am Ravensburg. Il semble qu'il faille situer assez tôt le début de son activité. C'est ainsi que Gertrud Otto considère la Vierge accompagnée des saints Benno et Korbinian de München-Thalkirchen comme la plus ancienne de ses œuvres, qu'elle situe aux environs de 1485, œuvre suivie bientôt par la Vierge de l'abbaye de Weissenau am Ravensburg (après 1485). L'œuvre qui révèle la pleine maîtrise du sculpteur est assurément celle qui concerne sa participation à l'élaboration du retable de l'abbaye bénédictine de Blaubeuren en Souabe, en particulier une Vierge à l'Enfant, qui date de 1494 : le visage ovale allongé, aux traits d'une élégance cursive et à l'expression songeuse, méditative, le voile encadrant la tête d'une spirale qui se poursuit dans les fins drapés parallèles des vêtements imprègnent la figure entière d'une fluidité et d'une noblesse presque classiques. L'Enfant paraît enjoué, potelé, animé de cette vie que les œuvres de Nicolas Gerhaert de Leyde et, plus tard, la Vierge de Dangolsheim (musée de Berlin) ont fait connaître au monde des sculpteurs germaniques. Viennent ensuite la Vierge à l'Enfant de Saint-Ulrich d'Augsbourg (musée de la Ville), celle des Bénédictins de Zwiefalten (musée de Détroit), la Vierge protectrice du remarquable retable du maître-autel de l'église cistercienne de Kaisheim am Donauwörth (1502-1504), qui a été exécuté avec la collaboration de Holbein le Vieux et d'Adolphe Daucher (cette œuvre est conservée au Deutschesmuseum de Berlin). On compte, en outre, parmi les œuvres d'Erhart, la Vierge du Nationalmuseum de Munich, provenant de la région de Memmingen, celle de l'église de Feldhausen à Hohenzollern, la Vierge protectrice de l'église de pèlerinage de Frauenstein en Autriche et la Vierge de l'église paroissiale d'Ueberlingen. Le groupe trinitaire de la Vanité (musée de Vienne), ainsi que La Belle Allemande ou sainte Marie-Madeleine (musée du Louvre), qui lui est attribuée, offrent de cette appréhension noble et sensible de la femme une variante d'une séduction plus trouble, voisine des nus féminins de Riemenschneider, mais bien moins innocente.
Bien que cette sculpture de retable constitue le grand œuvre de Gregor Erhart, celui-ci n'a pas limité l'exercice de son talent à la seule sculpture sur bois. En 1498, il sculptait un crucifix de pierre pour le cimetière Saint-Ulrich d'Augsbourg. Vers 1502-1508, il collabore à l'érection d'un tabernacle pour l'église Saint-Maurice d'Augsbourg ; l'année d'après, il travaille à une statue équestre de l'empereur Maximilien, commandée par celui-ci pour l'église Saint-Ulrich (elle restera longtemps inachevée avant de disparaître au xviiie siècle). Gregor Erhart exerce également l'art de tombier : dalle funéraire de l'abbé Mörlen (musée d'Augsbourg), en provenance de Saint-Ulrich ; vers 1497, épitaphes de Laurent Telman (mort en 1497), à Saint-Georges d'Augsbourg, de Kristofer von Knöringen (mort en 1501), d'Adolf Occo (mort en 1503), tous deux dans le cloître de la cathédrale d'Augsbourg ; épitaphe d'Ulrich von Wolfersdorf au cimetière d'Eichstädt, tombeau d'Eberhard Kadum (mort en 1507) et de Zierenberg-Meler, dans le cloître de la cathédrale d'Augsbourg également, ainsi que le tombeau de Diepold von Stein à Jettingen (vers 1503).[...]
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Écrit par
- Victor BEYER : conservateur en chef du département des Sculptures au musée du Louvre
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