PIE VII, GREGORIO BARNABA CHIARAMONTI (1740-1823) pape (1800-1823)
Bénédictin à l'âge de seize ans, abbé du monastère Saint-Calliste à Rome en 1775, évêque de Tivoli en 1782, puis d'Imola en 1785, Gregorio Chiaramonti fut nommé cardinal la même année et élu pape à Venise en 1800. Le pontificat de Pie VII fut dominé par son conflit avec Napoléon Ier. Négocié entre le Premier consul et le cardinal Consalvi, le concordat de 1801 restaurait la religion catholique en France ; mais l'addition à celui-ci, au moment de sa publication, d'un recueil d'Articles organiques, secrètement rédigés par Bonaparte et s'inspirant de tendances nettement gallicanes, raviva immédiatement le litige. Pie VII en subit le contrecoup aussi bien en Allemagne, où de nombreuses églises furent sécularisées, qu'en Italie, où un concordat avec la République fut signé en 1803. Ayant consenti à venir sacrer Napoléon empereur à Paris en 1804, le pape n'obtint pas pour autant les concessions qu'il souhaitait.
Le conflit, qui va sans cesse s'aggraver dès lors, joue sur deux plans qu'on doit distinguer. Le premier, le plus connu, le plus extérieur, porte sur les États pontificaux. Souverain temporel, le pape se refuse à s'aligner sur la politique napoléonienne, et l'empereur en tire brutalement les conséquences : occupation d'Ancône (1805), de Civitavecchia (1806), des Marches bientôt annexées (1807), de Rome enfin (1808).
Le second plan n'est pas moins important. Le concordat n'a jamais été qu'un moindre mal pour Pie VII ; il se refuse à l'étendre aux provinces nouvellement conquises (Vénétie) et à négocier un concordat analogue pour la Confédération du Rhin. Et surtout, il a une hantise : empêcher l'application à l'Italie du Code civil, qui implique la création d'un état civil, le divorce, la reconnaissance de la liberté de conscience, toutes choses abominables, inacceptables sauf pour une France déchristianisée. C'est dans cette perspective que se situent les réactions pontificales : elles se produisent toujours quand l'Empire français semble en difficulté. Le 13 novembre 1805 (au lendemain de Trafalgar, mais à la veille d'Austerlitz), Pie VII menace Napoléon d'une rupture diplomatique. Le 31 août 1806 (à la veille d'Iéna), il se refuse à toute négociation et fait préparer une bulle condamnant « tout le mal qui règne en France et en Italie, contrairement à la doctrine et aux bonnes coutumes » (la victoire d'Iéna empêchera la promulgation de la bulle). Le 22 mai (aux premières nouvelles du soulèvement espagnol), il lance une « malheureuse circulaire » (Latreille) interdisant de prêter serment à « un gouvernement protecteur de toutes les sectes et de tous les cultes sans en excepter la religion juive, cette implacable ennemie de Jésus-Christ », un gouvernement dont les constitutions, les lois et les actes respirent « l'indifférentisme, le système le plus injurieux, le plus opposé à la religion catholique ».
Les encouragements prodigués par la curie romaine à la guérilla espagnole ne se dissimulent guère. Ainsi, le 30 juin 1808, un cardinal espagnol résidant à Rome écrit à l'archevêque de Grenade pour l'exhorter à la lutte contre ce roi Joseph qui est « un franc-maçon, hérétique, luthérien, comme sont tous les Bonaparte et la nation française ». L'idée du luthéranisme implanté dans une famille corse n'était pas destinée à un usage comique.
En 1806, Napoléon avait obligé Pie VII à se séparer de Consalvi ; il renonce peu à peu à l'idée que le mauvais entourage du pape serait seul à incriminer. Le 17 mai 1809, il prononce l'annexion du restant des États pontificaux. Le 10 juin (au lendemain de la semi-victoire autrichienne d'Essling), Pie VII frappe d'excommunication ceux qui portent la responsabilité de cette annexion. La riposte impériale survient[...]
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Écrit par
- André DUVAL : dominicain, archiviste de la province de France
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