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PECK GREGORY (1916-2003)

Grand, très beau, doté d'une voix grave et chaude, ainsi que d'un fort charisme, Gregory Peck a incarné dans les années 1940 et 1950 un type possible d'Américain idéal. Au charme, il ajoutait en effet des vertus morales : droiture, intégrité, courage. Les personnages qu'il interprétait se montraient toujours, à quelques exceptions près, équilibrés et compréhensifs. Il émanait d'eux un sentiment de sérieux qui donnait confiance – à preuve le grand nombre d'hommes de loi et d'église, d'officiers supérieurs et de scientifiques que comporte sa filmographie. Toujours calmes et réservés, ne cédant pas à la colère ni à la panique, ils se révélaient déterminés, voire obstinés, quitte à se tromper, tels l'avocat du Procès Paradine d'Alfred Hitchcock (1948), ou le rancher vengeur de Bravados de Henry King (1958).

<it>Du silence et des ombres</it>, de Robert Mulligan - crédits : Universal Pictures Company, Inc./ Collection privée

Du silence et des ombres, de Robert Mulligan

Comme l'acteur était limité dans son expression, ce dont il était conscient, qu'il manquait singulièrement de complexité et d'humour dans son jeu, il conférait à ses personnages une certaine raideur. Parce que la démesure n'était pas son fort, il échoua à traduire la névrose compulsive du joueur de Passion fatale, de Robert Siodmak (1949), ou la folie obsessionnelle d'Achab dans Moby Dick de John Huston (1956). Il n'en a pas moins donné quelques belles interprétations. Citons notamment l'amnésique inquiet et inquiétant de La Maison du docteur Edwardes d'Alfred Hitchcock (1945), le fermier chaleureux de Jody et le faon de Clarence Brown (1946), le général d'aviation contraint d'envoyer ses hommes à la mort de L'Homme de fer de Henry King (1949), le tueur fatigué de La Cible humaine, de Henry King (1952), le modeste avocat progressiste de Du silence et des ombres, de Robert Mulligan (1962), qui lui vaut un oscar, ou encore le shérif quinquagénaire amoureux d'une jeune fille dans Le Pays de la violence, de John Frankenheimer (1971).

Né le 5 avril 1916 à La Jola, en Californie, d'un père pharmacien d'origine irlandaise, Eldred Gregory Peck fait ses études au lycée de San Diego, puis à l'Académie militaire Saint John à Los Angeles, à l'université d'Ètat de San Diego et enfin à l'université de Californie à Berkeley, où il commence à jouer dans des productions universitaires. À la fin des années 1930, il se rend à New York. Là, il travaille comme aboyeur à l'Exposition universelle de 1939, avant d'être accepté à la Neighborhood Playhouse où il suit, pendant deux ans, des cours d'art dramatique sous la direction de Sanford Meisner. En 1940, il fait ses débuts professionnels sur scène en Virginie, puis à New York. Il se produit ensuite, en 1941, en tournée, puis, en 1942, de nouveau à New York, à Broadway cette fois.

Gregory Peck - crédits : Worger/ Hulton Archive

Gregory Peck

Remarqué par David O. Selznick, Gregory Peck est contacté pour faire du cinéma, mais refuse les propositions. À la demande du scénariste Casey Robinson, il finit par accepter de tenir, face à Tamara Toumanova, le principal rôle masculin – celui d'un partisan russe – dans Days of Glory de Jacques Tourneur (1943). Consécutivement, la plupart des sociétés de production californiennes tentent de se l'attacher sous contrat. Cependant, il refuse de se lier avec quelque studio que ce soit. Des films tels que La Vallée du jugement de Tay Garnett (1944) et La Maison du docteur Edwardes, où il est respectivement le partenaire de Greer Garson et d'Ingrid Bergman, qui sont de très grandes vedettes, renforcent son statut, de même que les citations pour l'oscar en 1945, 1946, 1947 et 1949. Gregory Peck devient en peu de temps l'un des acteurs les mieux payés et, surtout, le seul, quasiment, à pouvoir choisir les films dont il sera l'interprète. Ces choix ne sont cependant pas toujours heureux, puisqu'il lui arrive d'opter pour un film qui n'aura en fin de compte aucun[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification

Médias

<it>Du silence et des ombres</it>, de Robert Mulligan - crédits : Universal Pictures Company, Inc./ Collection privée

Du silence et des ombres, de Robert Mulligan

Gregory Peck - crédits : Worger/ Hulton Archive

Gregory Peck

Autres références

  • WALSH RAOUL (1887-1980)

    • Écrit par
    • 2 218 mots
    ...Heat (Cagney). Les westerns et les films d'aventure de Walsh ont souvent une fin heureuse : les derniers plans de The World in His Arms montrent Gregory Peck enlaçant sa comtesse russe à la barre de son navire, tandis que son second commente : « Laissez-le tranquille, le monde lui appartient. »...