GRENOBLE (JEUX OLYMPIQUES DE) [1968] Contexte, organisation, bilan
Le 24 novembre 1960, une dépêche reprise par la presse annonçait discrètement que Grenoble envisageait de proposer sa candidature pour l'organisation des Xes jeux Olympiques d'hiver, en 1968. Albert Michallon, alors maire de la ville, constitue rapidement un comité de candidature, lequel reçoit des subventions (170 000 francs) pour préparer son dossier, le projet associant le département de l'Isère et une grande partie du Dauphiné. Du 25 au 28 janvier 1964, le C.I.O. tient sa soixante et unième session à Innsbruck, juste avant l'ouverture des IXes jeux Olympiques d'hiver, la dernière journée étant consacrée à l'examen des dossiers et au choix de la ville d'accueil des Jeux d'hiver de 1968. Sapporo (six voix), Lake Placid (trois voix) et Oslo (une voix) sont éliminées au premier tour de scrutin ; Lahti (Finlande) disparaît au deuxième (quatorze voix). À 17 heures, la nouvelle tombe : au troisième tour, Grenoble est élue avec vingt-sept voix, contre vingt-quatre pour Calgary (Canada).
Le général de Gaulle saisit l'opportunité et souhaite à la fois faire des Jeux une opération de prestige à la gloire de la France et lancer une vaste entreprise de modernisation des stations de sports d'hiver destinée à promouvoir le tourisme. Le comité d'organisation des Jeux de Grenoble est certes une structure indépendante, mais le ministre de la Jeunesse et des Sports, François Missoffe, se voit étroitement associé à tous les projets, d'autant que l'État investit 519 millions de francs pour les infrastructures. La ville de Grenoble s'enrichit d'un nouvel hôtel de ville, d'une gare ferroviaire, d'une gare routière. Par ailleurs, le village olympique de mille huit cents logements, construit par Maurice Novarina pour 179 millions de francs, se transformera en quartier d'habitation à dominante sociale. L'aéroport international de Grenoble-Isère est inauguré en décembre 1967.
Les compétitions de patinage et de hockey sur glace se déroulent à Grenoble même. Le Stade de glace (douze mille places assises), conçu par les architectes Robert Demartini et Pierre Junillon et édifié près du parc Paul-Mistral, voit se produire les patineurs artistiques et les hockeyeurs sur glace. L'anneau de vitesse en plein air, aménagé tout près, est destiné au patinage de vitesse ; il peut accueillir deux mille cinq cents spectateurs. Diverses stations de sports d'hiver de la région sont étroitement associées au projet olympique. Ainsi, les épreuves de ski alpin ont lieu à Chamrousse. Le plateau du Vercors accueille les compétitions de ski nordique : les courses de ski de fond et de biathlon ainsi que l'épreuve de saut à skis au petit tremplin (70 mètres) ont lieu à Autrans ; un tremplin de 90 mètres est construit à Saint-Nizier. Signe de la démesure du temps et de la volonté des municipalités de s'associer au projet, Maurice Herzog, alors secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports, donna dès l'été de 1965 son accord pour que soient construites une piste de luge et une piste de bobsleigh, alors que, pour ces deux sports, une même piste pouvait parfaitement convenir. Ainsi, une piste de luge de 1 000 mètres, conçue avec l'aide du Polonais Jan Steler, est édifiée à Villard-de-Lans, sur le versant nord du Bois de Frier peu exposé au vent. De son côté, l'architecte italien Luciano Galli construit à L'Alpe-d'Huez, dans le secteur du col de Poutran, une piste de bobsleigh longue de 1 500 mètres et de 140 mètres de dénivelé, dont le départ se situe à 2 030 mètres d'altitude. L'ensemble des infrastructures sportives ne coûte pas moins de 92,5 millions de francs (63,7 millions pour les installations de Grenoble même ; 6,7 millions pour la piste de bobsleigh de L'Alpe-d'Huez ; 3,2 millions pour la piste de luge de Villard-de-Lans ; 8,6 millions pour Chamrousse ;[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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