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SOKOLOV GRIGORY (1950- )

Grigory Sokolov est un pianiste russe, né le 18 avril 1950 à Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg).

Il commence l’apprentissage du piano dès l’âge de cinq ans. Entré en 1957 au Conservatoire de sa ville natale, il y travaille pendant onze années avec Leah Zelikhman (1910-1971). Il se produit en public dès ses douze ans et n’attend pas la fin de ses études pour se présenter en 1966 au redoutable Concours international de musique Tchaïkovsky de Moscou. Il y remporte, à seize ans, le premier prix de piano, décerné par un jury que préside Emil Guilels (1916-1985). Il devient alors élève de Moiseï Khaifin.

Pendant une longue période, son nom reste ignoré des mélomanes car il ne lui est permis qu’à de rares occasions – en 1969 et 1979 – de jouer hors des frontières de l’URSS Sa carrière, lancée tardivement, l’amènera aux États-Unis et au Japon. Elle lui permettra de fréquenter les plus prestigieuses formations – notamment l’Orchestre philharmonique de New York et le Concertgebouw d’Amsterdam – et de rencontrer des chefs aussi divers que Herbert Blomstedt, Valery Gerguiev, Myung-Whun Chung, Neeme Järvi ou Mariss Janssons entre autres.

Sa personnalité singulière, comme tous les grands tempéraments, suscite autant de réserve que d’enthousiasme.

Dialogue avec les maîtres

Si son répertoire s’étend de William Byrd à Arnold Schönberg, il exclut la totalité de l’œuvre de Franz Liszt. Dès ses premiers enregistrements pour Melodiya, il privilégie les séances publiques avant de fuir définitivement les studios. Il confie à cet éditeur soviétique, en 1982, une très remarquable interprétation des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach. Il inaugure ensuite sa collaboration avec le label occidental Opus 111 en se tournant vers des œuvres qui comptent parmi les plus abruptes de la littérature pianistique : L’Art de la fugue de Bach (1982) et les Variations Diabelli de Beethoven (1985). On a connu des débuts plus racoleurs… Sa discographie, très clairsemée, se développe à un rythme tranquille en restant fidèle à quelques auteurs (Beethoven, Chopin, Brahms, Prokofiev).

Grigory Sokolov se produit aussi bien dans les grandes capitales européennes que dans la petite église San Bernardo du village italien de Rabbi (Trentin-Haut-Adige) où demeurait Arturo Benedetti Michelangeli. Les organisateurs doivent composer avec ses grandes exigences en matière d’acoustique, de réglage des instruments ainsi qu’avec son refus de définir ses programmes deux ans à l’avance. Son premier récital à Paris date de 1990. Depuis 1975, il enseigne au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Il n’accorde que très peu d’interviews qui puissent éclairer sa démarche esthétique ou dévoiler sa nature véritable. Nadia Zhdanova lui a consacré en 1974 un film documentaire intitulé A Conversation That Never Was, qui repose sur quelques archives privées inédites, mais sans la participation active de cet artiste énigmatique.

Ce solitaire ne pratique pas la musique de chambre et abandonne au début des années 2010 le monde du concerto qu’il visitait assidûment pendant sa jeunesse. Ennemi des intégrales, il entre en 2008, après des années de silence discographique, dans le catalogue de Deutsche Grammophon. Cette maison enregistre systématiquement tous ses concerts mais n’en publie que les extraits qui ont recueilli son assentiment, comme ceux de Salzbourg (2008 et 2013), Turin (2017), Eisenstadt (2018) ou San Bernardo (2019).

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