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SOKOLOV GRIGORY (1950- )

Dans l’intimité de la musique

La personnalité singulière de Grigory Sokolov, comme tous les grands tempéraments, suscite autant de réserve que d’enthousiasme. En récital, sans un sourire pour séduire le public, Grigory Sokolov semble totalement absorbé par la densité du message musical qu’il doit transmettre. Au fil des années, son univers s’est progressivement concentré sur une période qui relie Mozart à Prokofiev, avec une attention particulière donnée à Haydn et Schubert. On lui connaît peu d’incursions dans les partitions contemporaines. L’auditeur est souvent désarçonné par la grande liberté de ses tempos, parfois inhabituellement ralentis, par d’interminables rubatos, par son penchant à exploiter les nuances extrêmes, bref, par un style qui rappelle celui des plus grands interprètes du début du xxe siècle. Mais le respect de l’architecture de l’œuvre reste toujours présent, de même que sa pulsation interne et la tension du discours. Et puis, comment ne pas admirer une technique sidérante, une extraordinaire palette de couleurs, l’immense variété des attaques, la transparence des plans sonores et ce son riche et profond, sans aucune dureté, jusque dans les pianissimi les plus impalpables ? Grigory Sokolov semble être l’ultime représentant de la grande tradition du piano russe, avec ce parfait équilibre entre rigueur intellectuelle et abandon passionné. Sa mission accomplie sans défaillance, il offre alors à son public une longue série de bis, courtes pièces où figurent régulièrement les clavecinistes français Couperin et Rameau, comme pour le remercier de l’avoir suivi sur des chemins aventureux qui renouvellent l’approche de quelques œuvres majeures.

— Pierre BRETON

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