GROENLAND
L'accession à l'autonomie interne
Dans le courant des années 1970, des aspirations à une autonomie interne adaptée à la personnalité groenlandaise se firent jour avec de plus en plus d'insistance et, en 1975, une commission bipartite fut instituée pour proposer les modalités selon lesquelles cette autonomie pourrait être réalisée. Le 17 janvier 1979, 63,2 p. 100 des électeurs groenlandais se rendirent aux urnes pour approuver, par 70,1 p. 100 des votants contre 25,8 p. 100 et 4,1 p. 100 de bulletins blancs, les propositions de la commission. Une campagne électorale fut alors organisée pour désigner les vingt et un membres du nouveau Parlement (Landsting).
Les élections du 4 avril donnèrent 13 sièges au parti Siumut (social-démocrate), partisan de la plus large autonomie possible et opposé à ce que le Groenland demeure dans le Marché commun, contre 8 sièges au parti modéré et pro-européen Atassut. Les partisans de l'indépendance n'obtinrent que 5 p. 100 des suffrages.
L'accession du Groenland à l'autonomie interne ne manqua pas de poser à l'époque un certain nombre de problèmes délicats. Le premier concernait les futures relations du pays avec l'Union soviétique, qui profita de l'occasion pour lui proposer une assistance technique, notamment dans le domaine de la pêche. Cette suggestion ne fut guère du goût du Danemark et des États-Unis, membres de l'O.T.A.N., pour qui une présence russe était intolérable dans une région d'un intérêt stratégique capital.
Le deuxième problème, qui avait déjà donné lieu à des discussions acharnées lors des séances de la commission bipartite, concernait l'exploitation des ressources minières. Les représentants du Groenland en revendiquaient l'entière propriété, alors que le compromis réalisé dans le cadre du nouveau régime prévoyait qu'elles appartiendraient conjointement aux deux parties, Danemark et Groenland disposant chacun d'un droit de veto lors de l'examen des projets de prospection qui leur seront présentés. La propriété commune s'est finalement imposée.
Le dernier problème concernait les liens unissant le Groenland au Marché commun. En 1972, lors du référendum organisé au Danemark, les voix des Groenlandais, qui s'y étaient opposés à une majorité de 72 p. 100, avaient été comptabilisées avec celles des Danois, et ils avaient donc été astreints, contre leur gré, à rejoindre la C.E.E.
Dès l'octroi de l'autonomie interne, le nouveau chef du gouvernement local (Naalakkersuisut), le pasteur Jonathan Motzfeldt, du Siumut, s'engagea à reconsidérer le problème du maintien de l'île dans la Communauté au moyen d'un référendum prévu pour 1982.
Le bilan des relations entre le Groenland et la Communauté au cours des neuf années, pourtant, était loin d'être entièrement négatif. La C.E.E. avait notamment financé des opérations de formation professionnelle, des projets de construction de bateaux de pêche ainsi que des investissements pour la prospection de minerais ou d'hydrocarbures. La situation, en revanche, était ressentie comme beaucoup moins positive en ce qui concerne la pêche. En effet, comme le Groenland ne s'était pas vu octroyer une zone de pêche de 200 milles, ses pêcheurs ne prenaient qu'environ 10 p. 100 de ce qui était capturé dans leurs eaux, sans pouvoir réagir à cause des obligations communautaires imposées par Bruxelles.
Le 23 février 1982, à la suite d'une participation record (74,9 p. 100), le référendum, qui n'avait qu'une valeur consultative, se solda par une courte victoire (52 p. 100 contre 46 p. 100) des partisans du retrait de l'île du Marché commun.
Si, dans l'esprit de ces derniers, cette prise de position ne signifiait pas une rupture définitive avec la C.E.E., elle ne manqua pas de soulever[...]
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Écrit par
- Marc AUCHET : agrégé de l'Université, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, docteur d'État, docteur honoris causa de l'université d'Aalborg (Danemark)
- Jean Maurice BIZIÈRE : agrégé d'histoire, docteur ès lettres, professeur d'histoire moderne à l'université Pierre-Mendès-France, Grenoble
- Jean CORBEL : maître de recherche au C.N.R.S.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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