CHAUVET-PONT D'ARC GROTTE

Le 18 décembre 1994 la découverte d'une grotte ornée à Vallon-Pont d'Arc dans l'Ardèche est effectuée. Dès le 29 décembre une visite « d'authentification » a lieu. L'aspect des dessins, ceux des parois et des sols excluaient toute idée de supercherie. Les sols étaient jonchés d'ossements d'ours des cavernes. Leurs crânes se comptaient par dizaines. Rien n'avait été touché. L'art de la grotte Chauvet était donc authentique.

Une découverte capitale

Les ours des cavernes sont omniprésents dans la grotte. Leurs ossements sont souvent éparpillés, parfois amoncelés, qu'ils l'aient été par les hommes ou qu'ils aient été charriés par les ours eux-mêmes dans leurs déplacements ou encore par des arrivées d'eau. Certains squelettes sont relativement bien conservés, avec des colonnes vertébrales en connexion anatomique. Les ours ont laissé des quantités de bauges, souvent marquées par leurs griffes ou leur fourrure. Sur les sols meubles se voient de véritables pistes, avec des empreintes remarquablement nettes. Les parois sont constellées de griffades, les unes surchargées par les peintures et les gravures préhistoriques, alors que d'autres ont presque entièrement effacé les décors.

Comme dans toutes les grottes ornées paléolithiques, les thèmes représentés par les peintures et les gravures comprennent surtout des signes géométriques et des animaux. De gros points rouges sont isolés. D'autres marquent les bords de certains panneaux. Les plus fréquents et les plus caractéristiques sont des assemblages de ponctuations circulaires à fort diamètre (de 6 à 8 cm), faites avec la paume de la main. Les signes les plus extraordinaires ressemblent à des papillons ou à des insectes.

Le nombre total des animaux dépasse vraisemblablement 430. Les mammouths, les lions et les rhinocéros dominent. Ces derniers ont des oreilles caractéristiques en arc double de part et d'autre de la ligne cervico-dorsale, des pattes bouletées, une large bande noire partage le corps en son milieu. Loin derrière viennent les chevaux et les bisons, les ours, les rennes, les aurochs, les bouquetins. On remarque aussi trois cerfs mégacéros noirs, deux ou trois cerfs élaphes, une panthère, animal figuré pour la première fois dans l'art paléolithique, de même qu'un hibou gravé, une hyène sans doute et des animaux indéterminés.

Aucune image complète d'humain n'a encore été découverte, mais la grotte est ornée de quelques segments corporels (mains négatives et positives, vulves) et d'un bas de corps de femme au sexe indiqué, au contact d’un bison à main humaine.

Cette découverte a provoqué la stupeur, tant la grotte a paru importante et originale, même aux yeux des profanes. Son bestiaire de rhinocéros, de lions, de mammouths et d'ours, animaux dangereux, qui ne figuraient pas au menu des Paléolithiques (plus de 63 p. 100 des animaux identifiés) a étonné.

Les techniques utilisées sont elles aussi surprenantes, par l'usage constant de l'estompe et la recherche de perspective. La qualité esthétique dans le rendu des œuvres, comme dans leur mise en scène sous forme de compositions harmonieuses, concourt également au sentiment d'originalité. La forte ressemblance d'un grand nombre de peintures noires permet d'avancer qu'elles sont certainement dues à un seul et même artiste, peut-être accompagné d'assistants (acolytes, aides...) partageant ses conventions et ses techniques.

Des datations directes ajoutent une dimension inattendue à la découverte. En effet, trois échantillons pris sur deux rhinocéros et un bison tracés au charbon ont donné des dates comprises entre 30 340 et 32 410 B.P. Compte tenu des marges d'erreur statistiques, cela signifie que ces peintures ont été faites autour de 31 000 B.P., dans un intervalle de 1 300 ans.[...]