BRUNIQUEL GROTTE DE, Tarn-et-Garonne
La grotte de Bruniquel est localisée dans le sud-ouest de la France, dans le département du Tarn-et-Garonne. Exploré à partir de 1990, ce vaste site souterrain recèle notamment des indices d’occupation humaine : traces de feu et curieux assemblages de stalagmites. La datation effectuée en 2015 (et publiée l’année suivante) de ces structures aménagées permet de reculer la plus ancienne appropriation de l’espace souterrain par les hommes à 176 500 ans (± 2 100), âge tout à fait inattendu. Le niveau technique, architectural et social des auteurs de ces structures, des Néandertaliens anciens (Homo neanderthalensis), précède ainsi de quelque 140 000 ans une fréquentation des grottes par les hommes modernes (Homo sapiens), cette fois avec l’art pariétal des grottes dites « ornées ».
Découverte et description de la grotte de Bruniquel
Dominant le cours encaissé de l’Aveyron qui entaille les plateaux les plus méridionaux du Quercy, la grotte de Bruniquel a été découverte en février 1990 par un jeune spéléologue, Bruno Kowalscewski, de la société spéléo-archéologique de Caussade. Deux campagnes de terrain, effectuées en 1992 et 1993 par Michel Soulier et François Rouzaud, ont permis de relever d’étonnantes structures annulaires, conservées à 336 mètres de l’actuelle entrée. La faune identifiée en surface au pied de l’éboulis d’entrée est dominée par des restes d’ours brun (Ursusarctos). En 2014, les recherches ont été reprises par une équipe franco-belge pour décrire, relever et dater ces structures scellées sous la calcite. En 1995, une première datation de plus de 47 600 ans avait été obtenue sur un fragment d’os brûlé (prélevé dans l’une des structures). Mais ce résultat restait ambigu dans la mesure où il correspondait à la limite de la méthode de datation au carbone 14.
L'entrée actuelle se fait par un étroit boyau d'une vingtaine de mètres qui nécessite de ramper et de franchir deux sévères étroitures. On débouche au sommet d’un important cône d’éboulis dominant une première salle, remarquable par la présence de dizaines de bauges d’ours. On chemine ensuite dans une splendide galerie naturelle où alternent petits lacs d’eau translucide parsemés de calcite flottante, draperies tombant de la voûte, rideaux de fistuleuses (très fines stalactites), colonnes stalagmitiques, concrétions en tout genre, à calcite scintillante, jaunies ou rougies par les oxydes de fer, salies par les revêtements argileux. Si, le long de cette galerie, les vestiges archéologiques sont absents, les traces d'ours sont bien attestées : bauges, empreintes, griffades sur les sols et parois. À plus de 300 mètres de l’entrée, la salle de la Structure (comportant en fait six structures), la plus spacieuse, est la plus remarquable du point de vue des activités anthropiques. Au-delà, la galerie se poursuit par un parcours de plus en plus argileux s’achevant par des conduits colmatés, épargnés par les prospections afin d’en préserver les empreintes, soit un développement de près de 500 mètres pour cette vaste cavité.
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Écrit par
- Jacques JAUBERT : professeur de préhistoire, université de Bordeaux
- Sophie VERHEYDEN : docteur en sciences, chercheuse à l'Institut royal des sciences naturelles de Belgique
Classification
Médias
Autres références
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PRÉHISTORIQUE ART
- Écrit par Laurence DENÈS , Jean-Loïc LE QUELLEC , Michel ORLIAC , Madeleine PAUL-DAVID , Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS et Denis VIALOU
- 27 722 mots
- 11 médias
...Chaffaud (Vienne), dégagé vers 1834. Les fouilles des grands gisements comme Laugerie-Basse, La Madeleine le long de la Vézère en Dordogne, celles de Bruniquel (Tarn-et-Garonne), de Brassempouy (Landes), de Lourdes (Hautes-Pyrénées), puis d'Isturitz (Pyrénées-Atlantiques), du Mas-d'Azil (Ariège) permirent...