BRUNIQUEL GROTTE DE, Tarn-et-Garonne
Appropriation humaine du milieu souterrain
À Bruniquel, hormis la salle de la Structure, les seuls indices d’activités humaines sont jusqu’à présent deux stalagmites basculées, renversées, et une troisième apparemment transformée en lampe fixe. Il n’y a aucun vestige visible au sol ni mouchage de torche (marque charbonneuse provoquée par le ravivage d’une torche) en paroi.
Le point le plus original de la grotte de Bruniquel est donc constitué par six structures. Elles sont toutes composées de stalagmites et d’autres fragments de concrétions agencés, accumulés, voire superposés sur plusieurs rangs (assises), jusqu’à quatre pour la plus grande des structures. Deux d’entre elles dessinent des formes fermées, plus ou moins annulaires. Au centre de la plus grande, qui couvre 20,6 mètres carrés, on observe deux accumulations bien circonscrites qui peuvent évoquer de grossiers éléments de calage. Deux autres se devinent en périphérie des structures annulaires. De petits éléments de calage ajustés entre deux assises de concrétions, mais aussi de grands étais appuyés contre la grande structure, complètent le dispositif qui totalise entre 2,1 et 2,4 tonnes de matériaux déplacés, soit près de 400 éléments appelés « spéléofacts ». Ce nouveau terme, proposé à cette occasion, qui entre dans la famille des « artefacts » (objets travaillés de main d’homme) ou des « manuports » (objets non travaillés, mais déplacés de main d’homme), désigne tout élément de spéléothème (stalagmite, plancher stalagmitique, draperie…) déplacé, sectionné, le cas échéant calibré ou façonné et agencé par l'homme.
L’inventaire et les différentes mesures de ces spéléofacts ont confirmé leur origine anthropique puisqu’un module moyen a pu être distingué pour la grande structure annulaire, qui diffère de celui obtenu pour les structures d’accumulation. Les hommes ont donc calibré ces éléments en fonction des types de structures, et probablement de leur fonction. Les tests d’orientation et de pendage des éléments allongés confirment l’origine humaine des constructions, puisque les tests statistiques diffèrent de ceux d’aménagements naturels, qu’ils soient d’origine géologique ou animale.
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Écrit par
- Jacques JAUBERT : professeur de préhistoire, université de Bordeaux
- Sophie VERHEYDEN : docteur en sciences, chercheuse à l'Institut royal des sciences naturelles de Belgique
Classification
Médias
Autres références
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PRÉHISTORIQUE ART
- Écrit par Laurence DENÈS , Jean-Loïc LE QUELLEC , Michel ORLIAC , Madeleine PAUL-DAVID , Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS et Denis VIALOU
- 27 722 mots
- 11 médias
...Chaffaud (Vienne), dégagé vers 1834. Les fouilles des grands gisements comme Laugerie-Basse, La Madeleine le long de la Vézère en Dordogne, celles de Bruniquel (Tarn-et-Garonne), de Brassempouy (Landes), de Lourdes (Hautes-Pyrénées), puis d'Isturitz (Pyrénées-Atlantiques), du Mas-d'Azil (Ariège) permirent...