BRUNIQUEL GROTTE DE, Tarn-et-Garonne
Conséquences de la datation des structures de Bruniquel
Les conséquences de telles informations sont majeures. Elles confirment que les constructions sont bien à attribuer aux Néandertaliens comme supposé lors des premières campagnes de recherche, mais à une phase bien plus reculée de leur lignée, contemporaine de l’avant-dernière glaciation (stade isotopique 6). Elles prouvent ainsi que d’anciens représentants des Néandertaliens se sont affranchis des difficultés inhérentes à une progression dans le noir, en s’appropriant le milieu souterrain. S’aventurer dans la profondeur de la Terre n’est un acte ni anodin ni répandu sous toutes les latitudes ou parmi toutes les ethnies et, jusqu’aux datations de Bruniquel, seul l’homme anatomiquement moderne, Homo sapiens, était réputé pour s’être avancé sous terre, loin des entrées éclairées par la lumière du jour. Les âges les plus anciens étaient ceux de la grotte Chauvet-Pont d’Arc (Aurignacien : 36 000 ans), d’El Castillo (40 000 ans) et de Nerja (42 000 ans) avec, pour les deux sites espagnols, une discussion quant à l’auteur des plus anciennes peintures.
Cependant, si les datations de Bruniquel sont plus vieilles de 140 000 ans que celles des plus anciennes grottes « ornées », les motivations des auteurs des aménagements ne sont certainement pas les mêmes. À Bruniquel, si l’on peut supposer que de telles constructions ont nécessité un minimum de planification, d’organisation sociale, de main-d’œuvre, de savoir-faire, de technicité – incluant un éclairage suffisant et son maintien –, la fonction précise des structures demeure inconnue. Ces constructions sont avant tout une preuve manifeste de l’appropriation par Néandertal de la profondeur des grottes. Elles sont interprétées comme un nouveau signe dit de « modernité », qui place les Néandertaliens dans l’histoire de l’évolution à un niveau comparable à celui de leurs contemporains, les premiers hommes modernes d’Afrique et du Proche-Orient.
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Écrit par
- Jacques JAUBERT : professeur de préhistoire, université de Bordeaux
- Sophie VERHEYDEN : docteur en sciences, chercheuse à l'Institut royal des sciences naturelles de Belgique
Classification
Médias
Autres références
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PRÉHISTORIQUE ART
- Écrit par Laurence DENÈS , Jean-Loïc LE QUELLEC , Michel ORLIAC , Madeleine PAUL-DAVID , Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS et Denis VIALOU
- 27 722 mots
- 11 médias
...Chaffaud (Vienne), dégagé vers 1834. Les fouilles des grands gisements comme Laugerie-Basse, La Madeleine le long de la Vézère en Dordogne, celles de Bruniquel (Tarn-et-Garonne), de Brassempouy (Landes), de Lourdes (Hautes-Pyrénées), puis d'Isturitz (Pyrénées-Atlantiques), du Mas-d'Azil (Ariège) permirent...