MARCHE GROTTE DE LA
Située sur le talus nord de la rivière du Petit-Moulin, à Lussac-les-Châteaux, dans la Vienne, la grotte de la Marche a été découverte en 1937 et fouillée par son inventeur Léon Péricard, minotier local, avec la collaboration de Stéphane Lwoff et de quelques visiteurs venus de façon irrégulière, puis plus tard, en 1957-1958, par Louis Pradel. Elle a livré une abondante collection de plaquettes en calcaire gravées, unique dans l'histoire de l'archéologie préhistorique : mille cinq cent douze pièces ont pu être regroupées au musée de l'Homme par le docteur Léon Pales qui s'est consacré à leur étude. Leur datation reste sujette à caution. L'abbé Breuil qui visita le chantier en 1939 et en 1940 les datait du Magdalénien III ; mais rien n'assure que toutes les pièces proviennent du même niveau de la grotte, dont la stratigraphie n'a pas été relevée. La Marche a été interprétée par Breuil comme « une grotte à parois mobiles » (comme Limeuil), et André Leroi-Gourhan la définit comme un « sanctuaire à plaquettes ».
Le très haut intérêt de ce gisement vient du caractère doublement exceptionnel des documents récoltés. On n'a trouvé nulle part ailleurs semblable amoncellement de pierres gravées (plaques, plaquettes, blocs de calcaire, de dimensions variées mais généralement inférieures à 50 cm). En outre, les sujets figurés (visages humains, femmes obèses, ours, félins, équidés et bovidés) sont précisément les thèmes les plus rarement traités dans l'art paléolithique. Leur lecture est rendue difficile par des enchevêtrements de lignes griffonnées en superposition. Le mérite d'en avoir entrepris et réussi le déchiffrement revient au docteur Léon Pales et à Marie Tassin de Saint-Péreuse. Grâce à une analyse systématique et à la mise au point de méthodes d'étude appropriées (empreintes à la plastiline, dessins, relevés, calques, photographies), ils ont pu mettre en évidence le remarquable réalisme des sujets et découvrir des types « de figurations humaines qui bouleverseront, déclare Léon Pales, les opinions courantes en ce domaine ». Cette étude soigneusement préparée, publiée de 1969 à 1981, a révélé « la contribution extrêmement importante et, à certains égards, absolument neuve que les pierres gravées de la Marche apportent à l'iconographie préhistorique et à la connaissance du Magdalénien ».
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Écrit par
- Marie-Thérèse BOINAIS : diplômée de l'École du Louvre, diplômée d'études supérieures, École pratique des hautes études
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