LAZARET GROTTE DU

Caverne de 40 mètres sur 20 mètres qui est ouverte sur le flanc occidental du mont Boron, à moins de 100 mètres du littoral actuel, dans le centre urbain de Nice, la grotte du Lazaret a été occupée par les chasseurs paléolithiques lors de l'avant-dernière glaciation, à la période rissienne. L'installation aménagée au cours du Riss III (il y a environ 130 000 ans) à l'entrée de cette grotte est actuellement le site d'habitat acheuléen le mieux connu.

Explorée dès 1879 par E. Rivière, puis fouillée très méthodiquement depuis 1950 par le commandant Octobon et par Henri de Lumley depuis 1962, elle a été équipée d'un laboratoire-dépôt de fouilles permettant de mener de front le décapage du gisement et l'étude scientifique du matériel recueilli. La parfaite adaptation des méthodes de fouille et de recherche aux nécessités spécifiques du site, le recours systématique aux disciplines connexes (anthropologie, sédimentologie, palynologie, etc.) font de la campagne de 1967 et de sa publication un modèle du genre. L'analyse scientifique des données de la fouille a permis d'aboutir à une interprétation palethnologique (étude d'après les données des fouilles archéologiques des traces de la vie matérielle et des activités humaines aux époques préhistoriques) très poussée des traces repérées. Elle a révélé un campement de chasseurs de marmottes et de cervidés, d'un type humain prénéandertalien différent des pithécanthropiens (qui sont, par ailleurs, connus sur le littoral méditerranéen). Leur installation dans la caverne niçoise correspond à une période dont le climat, qui a pu être reconstitué, était plus rude qu'il ne l'est aujourd'hui. Les aménagements découverts : une vaste cabane de 11 mètres sur 3,50 m, adossée à la paroi intérieure de la grotte et renfermant deux foyers, et vraisemblablement des litières faites d'algues marines couvertes de peaux notamment, attestent une certaine sédentarisation.

— Marie-Thérèse BOINAIS