MARGOT GROTTE
Un sanctuaire de l'art paléolithique
À la suite de plusieurs campagnes de prospection menées depuis 2002, les premières représentations incontestables ont été découvertes en juillet 2005. Plus de 90 unités graphiques sont actuellement connues, dont des représentations figuratives (7 chevaux, 6 rhinocéros laineux, 2 cervidés, 1 aurochs, 2 oiseaux, 2 anthropomorphes), des tracés digitaux et des groupes de points noirs, concentrés dans de petites niches étroites. De nombreux autres secteurs restent à prospecter qui viendront peut-être enrichir cet inventaire. Dans l'état actuel des recherches, les peintures (souvent résiduelles) sont attribuées à la période gravettienne (environ 25 000 ans), et les gravures, fines et détaillées, au Magdalénien final (environ 12 000 ans). Parmi elles, la présence de quatre chevaux complets, de six rhinocéros laineux, de deux oiseaux et de deux anthropomorphes fait de la grotte Margot un témoignage majeur de l'art paléolithique, et l'un des plus septentrionaux. Les chevaux sont représentés en pelage d'hiver, avec barbe et toison. Ils ont la crinière hérissée du cheval sauvage, telle qu'on peut l'imaginer en regardant un cheval de Przewalski. Ces chevaux sauvages de Mongolie ne sont pas les descendants de ceux qui galopaient sur les steppes européennes, mais ils offrent une certaine ressemblance avec les chevaux figurés sur les parois des grottes ornées paléolithiques, en raison sans doute d'un environnement et d'un mode de vie similaires. Les chevaux de la grotte Margot ont curieusement un gros œil rond, concession de la réalité anatomique à la fantaisie de l'artiste. Le plus détaillé et le plus complet des six rhinocéros laineux de la grotte Margot présente, lui, un œil très expressif. L'animal est doté d'un énorme garrot et d'une crinière très développée, et semble avoir été gravé à partir de l'ancien tracé d'un félin ou d'un ours. Pareille réutilisation d'une œuvre ancienne est un phénomène fréquent dans l'art paléolithique. Le rhinocéros laineux est assez rarement représenté dans l'art des cavernes, à l'exception notable des grottes de Rouffignac et Chauvet. Signalons enfin les deux oiseaux : un corvidé (corbeau ?) et un probable ansériné (un cygne ?). Une trentaine d'oiseaux sont aujourd'hui connus dans l'art paléolithique, dont deux corvidés, l'un dans la grotte des Trois-Frères, en Ariège, et l'autre sur une plaquette gravée de Gönnersdorf, en Allemagne.
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Écrit par
- Romain PIGEAUD : docteur en préhistoire
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