MARGOT GROTTE

Un brassage culturel ?

La découverte des représentations de la grotte Margot relance de ce point de vue la question des influences septentrionales au Paléolithique. En effet, un ensemble de cavités peuvent être rassemblées, en première approximation, dans un pôle récent : Church Hole et Robin Hood, en Angleterre, les grottes de Gouy et d'Orival en Seine-Maritime, les grottes de Boutigny et des Trois-Pignons, l'abri du Croc-Marin, en Essonne. Quelles sont leurs relations entre elles ? Existe-t-il un rapport entre les territoires symboliques et l'évolution des cultures préhistoriques dans cet espace géographique ?

Il faut d'abord remarquer que ces sites, lors de la dernière glaciation, étaient tous accessibles. La Manche était une vaste plaine sillonnée de rivières. Des contacts étaient donc possibles entre la vallée de Creswell Nottinghamshire et le « canyon » de Saulges. Une analyse approfondie des styles respectifs des représentations des cavités est en cours.

Pour le moment, il faut remarquer que Gouy, Orival et Margot ont au moins un point commun : la présence de représentations féminines stylisées, du type dit de Gönnersdorf-Lalinde, du nom des deux principaux sites où elles furent retrouvées. Même si leur présence est effective dès le Gravettien, les formes « classiques » sont plutôt concentrées à la fin du Magdalénien, soit à la période qui nous intéresse. En effet, à la fin de la dernière glaciation, plusieurs cultures sont répertoriées : outre le Madgalénien, en voie d'extinction, fleurissent le Creswellien (Paléolithique supérieur de Grande-Bretagne) en Angleterre, l'Azilien (de — 12 000 à — 9 500 ans) dans le sud du Bassin parisien et le Federmesser plus au nord. En admettant que l'étude démontre que ces cavités décorées présentent des similitudes dans le style et les constructions symboliques, comment interpréter celles-ci par rapport au mélange des cultures qui a dû se produire dans cette région ? Sans compter qu'il ne faut pas négliger les influences qui ont pu provenir du Sud-Ouest. C'était déjà le cas au Gravettien, pour le décor de la grotte Mayenne-Sciences, fortement influencé par l'art paléolithique des grottes du Quercy.