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GROUPE 47

Un organe de promotion de la littérature allemande contemporaine

Günter Grass - crédits : Gérard Aime/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Günter Grass

Désormais, les participants, toujours plus nombreux, du Groupe 47 vont susciter des orientations nouvelles, plus diverses et plus riches. Les problèmes de l'identité, les malaises de la civilisation technicienne occupent une large place. Le ton devient sarcastique ou grinçant. Le grotesque, ou le bizarre, foisonne. Ilse Aichinger, qui lit sa célèbre nouvelle Histoire d'un miroir (Spiegelgeschichte), est couronnée en 1952. L'année suivante, la romancière et poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann est distinguée à son tour. Martin Walser reçoit le prix en 1955, Günter Grass en 1958. Sa lecture d'extraits du Tambour (Die Blechtrommel) prend les dimensions d'un événement littéraire. Uwe Johnson, Hans Magnus Enzensberger ne tardent pas à être remarqués, le moment venu. Si l'on fait abstraction d'une réaction négative à l'égard du poète Paul Celan, on peut dire que le Groupe 47 a su faire preuve de discernement.

Les auteurs qu'il contribue à imposer sont parmi les moins contestables. Ajoutons enfin qu'il n'hésite pas à jeter un pont vers la littérature de l'autre Allemagne en décernant son prix pour 1962 à Johannes Bobrowski. Il remplit donc parfaitement l'une des missions que lui assignait son fondateur : découvrir et faire connaître de nouveaux talents. Il y parvient d'autant mieux que nombre de ses animateurs sont présents dans les comités de lecture des maisons d'édition ou exercent des fonctions à la radio ou à la télévision.

Une telle réussite n'est l'effet ni du hasard ni de l'opportunisme. Elle tient d'abord à la personnalité de H. W. Richter, qui parvient, en dépit des tensions, des rivalités et des intrigues, à maintenir, sans autoritarisme, la cohésion du groupe durant vingt ans, jusqu'à sa dissolution tacite en 1967. Les occasions de conflit, pourtant, ne manquent pas, ne serait-ce qu'à cause du rituel des séances de lecture. L'écrivain invité fait face à un jury d'écrivains reconnus, de critiques chevronnés (J. Kaiser, W. Jens, H. Mayer, M. Reich-Ranicki ou F. J. Raddatz par exemple). Il lit son texte durant une trentaine de minutes et assiste ensuite à la discussion, sans pouvoir y participer. Dans les premiers temps, on condamne en baissant le pouce, comme dans les combats de gladiateurs. Par la suite, les formes s'affinent. Mais nombreux sont les écrivains qui n'ont pas oublié le supplice de la « chaise électrique », sur laquelle ils ont affronté leurs juges. Selon M. Walser, le débat fait de l'écrivain une sorte de victime expiatoire. Néanmoins, au fil des ans, l'afflux des candidats ne tarit pas. Recevoir une invitation de Richter apporte la promesse d'une consécration.

La longévité du Groupe 47 s'explique aussi par le caractère informel de son organisation, son absence de statuts précis, sa méfiance à l'égard de toute ligne idéologique. Comme l'explique fort bien H. M. Enzensberger dans une contribution à la fois perfide et bienveillante publiée en 1962 dans l'Almanach du Groupe, il n'a ni siège social, ni président d'honneur, ni secrétaire général, ni caissier, ni compte chèque postal, pas même de membres adhérents. Dans un pays où, selon Enzensberger, même les anarchistes tiennent une comptabilité rigoureuse du nombre de leurs militants, il y a là effectivement une originalité. Ni cénacle, ni académie, il est ouvert à tous et aspire seulement – ce qui est beaucoup – à être le « café central d'une littérature sans capitale » (H. M. Enzensberger). Rien de plus injuste donc que de l'accuser, comme le feront certains de ses détracteurs lors de campagnes de presse (Friedrich Sieburg, par exemple) ou certains hommes politiques de la C.D.U., d'être la nouvelle « Chambre des écrivains du Reich ». Son absence[...]

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Écrit par

  • : maître assistant agrégé, docteur de troisième cycle à l'université de Lille-III

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Günter Grass - crédits : Gérard Aime/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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