HERBACÉS GROUPEMENTS
Groupements herbacés à déterminisme édaphique
Même sous climat forestier, le substrat peut interdire la forêt (parois rocheuses, par exemple). Deux cas sont pratiquement universels, celui des sols salés, littoraux ou non, peuplés d' halophytes, et celui des eaux douces, où croissent des hydrophytes.
Peuplements d'halophytes littoraux
La marée recouvrant périodiquement le littoral instaure un étagement de la végétation. Ainsi sur l'estran argilo-calcaire (tangue) du littoral picard se succèdent une zone à végétation ouverte ou même nulle, la slikke, recouverte par toutes les marées quelle que soit leur amplitude, et une zone à peuplement dense, uniquement inondée par les marées de vive eau, le schorre. Chacune de ces deux zones se subdivise elle-même en partie basse et partie haute :
– La basse slikke, immergée plus de six heures à chaque marée, porte une végétation phanérogamique rare (Zostera nana) ou nulle.
– La haute slikke a l'aspect d'un talus noirâtre et luisant semé de taches de salicornes annuelles et de touffes dispersées mais vigoureuses d'une Graminée : Spartina townsendi (espèce « nouvelle », en progression, dont l'histoire génétique est particulièrement curieuse), qui contribue à fixer la vase et à faire progresser le schorre.
– Le bas schorre, séparé de la slikke par un abrupt de quelques décimètres, forme un épais tapis de végétaux charnus, glauques ou grisâtres par suite de la dominance d'Obione portulacoides ; à l'arrière-saison fleurissent des Aster tripolium, d'un violet éteint ; le sol compact comporte un horizon réducteur de sulfure de fer.
– Le haut schorre, atteint par la mer seulement une ou deux fois par mois, comporte des peuplements encore denses, mais beaucoup plus diversifiés ; là seulement apparaît Artemisia maritima ; le sol est mieux aéré et renferme un horizon oxydé de couleur rouille.
La salinité n'est pas le seul facteur écologique conditionnant ces peuplements : le degré d'immersion détermine non seulement un apport inégal d'eau salée mais aussi l'état d'oxydoréduction du sol. Le climat régional agit lui-même sur la concentration en sel : s'il est pluvieux, cette concentration décroît vers le haut ; dans le cas contraire, la partie supérieure de l'estran s'enrichit en sel par évaporation : c'est la station type de l'Arthrocnemetum méditerranéen (Camargue).
Il est à noter aussi que les halophytes littoraux sont très inégalement sensibles au sel. Le cas le plus paradoxal est celui de l'aster, dont l'eau salée empêche la germination alors qu'elle favorise sa croissance. La répartition des halophytes littoraux traduit donc encore le résultat de la compétition entre diverses espèces inégalement sensibles aux paramètres écologiques.
Les littoraux sableux et rocheux présentent eux aussi des zonations parallèles à la mer ; seuls les sables, trop mobiles, n'ont pratiquement pas de végétation immergée. Avec un matériel floristique très variable, ces successions se retrouvent sous toutes les latitudes, bien qu'elles correspondent parfois à des formations forestières (mangroves).
Peuplements d'hydrophytes
Les hydrophytes sont flottants (au ras de l'eau ou partiellement émergés : Nymphaea, Hydrocharis) ou nageants (immergés, à l'exception parfois de l'inflorescence : élodée, hottonie). Les uns et les autres peuvent être fixés au fond, tels les potamots, ou bien libres d'enracinement (lentilles-d'eau) : on conçoit que ces derniers soient exclus des eaux agitées, ou même peu abritées.
La mobilité du milieu est donc le premier facteur sélectif : dans les eaux rapides d'une grande partie de l'Eurasie, les longues chevelures vertes du Ranunculus fluitans et de ses associés (divers potamots, Œnanthe fluviatilis[...]
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Écrit par
- Marcel BOURNÉRIAS : docteur ès sciences, professeur agrégé en sciences naturelles
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