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GROUPES (mathématiques) Représentation linéaire des groupes

Développée d'abord comme moyen de classification des différentes apparences du même groupe G comme groupe de transformations linéaires, la théorie des représentations linéaires est devenue un des outils les plus puissants pour l'étude de la structure de G. En particulier, les caractères irréductibles d'un groupe fini G, introduits pour mieux classer les représentations linéaires, sont vitaux pour la théorie moderne des groupes simples.

Représentation des groupes

À chaque système mathématique S est associé son groupe de symétries (ou d'automorphismes) Σ(S). On considère ces groupes Σ(S) comme étant concrets. Une représentation R d'un groupe quelconque G comme groupe de symétries de S est un homomorphisme σ ↦ Rσ de G dans le groupe concret Σ(S). Elle donne une réalisation de la loi de composition abstraite de G comme loi de composition concrète dans Σ(S).

La théorie des représentations cherche les conséquences, pour les deux structures S et G, de l'existence d'une représentation R, et les utilise pour démontrer des théorèmes qui n'ont quelquefois rien à voir avec les représentations ; par exemple, le théorème de Feit et Thompson : tout groupe d'ordre impair est résoluble. Seules les relations entre S et G étant intéressantes, la tendance moderne est de les définir directement et de supprimer le groupe Σ(S) et l'homomorphisme R. Voici, sur un exemple, comment on procède.

Une opération d'un groupe G sur un ensemble E est une loi de composition externe, envoyant tout élément σ de G et tout élément x de E sur un élément σx de E, et suppose que cette loi satisfait aux conditions :

pour tout x dans E,
pour tout σ, τ dans G et tout x dans E, où στ est le produit dans G, et 1 l'élément neutre de G. Ces conditions impliquent que, pour tout σ de G, l'application Rσ : ↦ σx est bijective de E sur E, c'est-à-dire que Rσ est une permutation sur l'ensemble E. Et l'application σ ↦ Rσ est un homomorphisme de G dans le groupe Σ(E) des permutations sur E (que l'on peut considérer comme les symétries de E). L'opération de G sur E détermine donc une représentation R de G comme groupe de symétries de E. En fait, la représentation et l'opération ne sont que deux façons de voir la même chose, car la première détermine la seconde par la relation σx = Rσ(x), pour tout σ de G et tout x de E.

Une représentation linéaire d'un groupe G est une représentation de G comme groupe de symétries d'un espace vectoriel. Rappelons qu'un espace vectoriel V sur un corps K est un groupe additif muni d'une loi de composition externe, qui envoie tout élément λ de K et tout élément v de V sur un élément λv de V, et qui est telle que les combinaisons linéaires λ1v1 + ... + λnvn d'éléments v1, ..., vn de V à coefficients λ1, ..., λn dans K obéissent aux règles ordinaires de calcul. Une opération linéaire de G sur V est une opération de G sur l'ensemble V, satisfaisant à la condition de linéarité :

pour tout σ de G, tout λ1, ..., λn de K, et tout v1, ..., vn de V. Chaque application Rσ : v ↦ σv est alors une transformation linéaire bijective de V sur lui-même, et l'homomorphisme σ ↦ R′σ est une représentation linéaire de G sur V. On dit alors que V est un G-espace.

On dit que deux représentations σ ↦ Rσ et σ ↦ Rσ′ sur des espaces vectoriels V et V′ sont équivalentes (ou isomorphes) s'il existe un isomorphisme linéaire de V sur V′ tel que Rσ = ϕ-1 ∘ R′σ ∘ ϕ pour tout σ ∈ G, ce qui équivaut à ϕ ∘ Rσ = R′σ ∘ ϕ.

Il y a une autre façon, souvent utile, de considérer les représentations linéaires. Supposons que l'espace vectoriel V ait une base finie v1, ..., vd, c'est-à-dire que tout élément[...]

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