Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GROUPES (mathématiques) Représentation linéaire des groupes

Article modifié le

Théorie des représentations linéaires d'un groupe fini

La théorie classique trouvée par G.  Frobenius, W.  Burnside, et I.  Schur dans la période 1890-1910 est la base de toutes les généralisations modernes. Cette théorie s'applique aux représentations linéaires d'un groupe fini G sur des espaces vectoriels de dimensions finies (c'est-à-dire ayant une base finie) sur le corps C des nombres complexes.

On cherche, d'abord, à classer les G-espaces, à des isomorphismes près. Un G-espace V est G-isomorphe à un G-espace U s'il existe une application linéaire bijective f de V sur U qui conserve les opérations de G : f v) = σf (v), pour tout σ dans G, et tout v dans V, c'est-à-dire si les représentations linéaires sont équivalentes.

L'outil principal de la classification des opérations linéaires de G sur des espaces vectoriels V est la décomposition des espaces V en somme directe de sous-espaces stables. Un sous-espace de V est un sous-ensemble U, qui est fermé pour la formation de combinaisons linéaires d'éléments ; U est donc lui-même un espace vectoriel avec, pour lois de composition, les restrictions des lois de composition de V. Le sous-espace U est stable par G s'il est fermé pour l'opération de G sur U, c'est-à-dire si σu appartient à U pour tout σ dans G et tout u dans U. Dans ce cas, la restriction à U de l'opération de G sur V est une opération linéaire de G sur U. Soit U1, ..., Uk des sous-espaces stables de V. On dit que V est la somme directe U1 ⊕ ... ⊕ Uk des Ui, si tout élément v de V a une expression unique de la forme :

ui appartient à Ui pour i = 1, ..., k.

Les éléments u1, ..., uk sont les composantes de v pour la décomposition V = U1 ⊕ ... ⊕ Uk. La correspondance :

est une bijection de V sur le produit cartésien U1 × ... × Uk ; les lois de composition de V et l'opération de G sur V se calculent à partir des structures des Ui par les relations :
où λ appartient au corps, σ au groupe, et où v′ est un élément de V ayant comme composante les éléments u1, ..., uk. La décomposition V = U1 ⊕ ... ⊕ Uk donne donc une analyse de la structure de V au moyen de celles des Ui.

Si G opère sur un espace vectoriel U ≠ {0}, et s'il n'y a aucun sous-espace stable par G, sauf U et {0}, on dit que le G-espace U est irréductible. La classification des opérations linéaires d'un groupe fini G sur des espaces vectoriels V de dimension finie sur le corps C des nombres complexes est contenue dans les deux énoncés suivants : (3a) l'espace V a au moins une décomposition : V = U1 ⊕ ... ⊕ Uk, en somme directe de sous-espaces stables et irréductibles U1, ..., Uk ; (3b) si V = U′1 ⊕ ... ⊕ U′l est une autre telle décomposition, alors l = k et, après une permutation convenable des indices, Ui est G-isomorphe à U′i, pour i = 1, ..., k.

Pour tout G-espace irréductible W, on définit la multiplicité, m(W dans V), de W dans V. C'est le nombre des indices i = 1, ..., l pour lesquels W est G-isomorphe à Ui. À cause de (3 b), cette multiplicité est indépendante de la décomposition V = U1 ⊕ ... ⊕ Uk. Donc deux G-espaces V et V′ sont isomorphes si, et seulement si :

pour tout G-espace irréductible W.

Frobenius découvrit une méthode très simple de calcul des multiplicités m(W dans V) en utilisant les caractères. On définit un produit hermitien (f |g)G sur l'espace vectoriel Fct(G, C) de toutes les fonctions de G dans C par :

pour tout f et g dans Fct(G, C), où g(σ) désigne le complexe conjugué de g(σ) et |G| est l'ordre de G, c'est-à-dire le nombre d'éléments dans le groupe fini G. Si W et U sont deux G-espaces irréductibles de dimension finie sur G, Frobenius a démontré les relations[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • ALGÈBRE

    • Écrit par
    • 7 145 mots
    La structure de groupe est une des structures algébriques les plus simples et, sans conteste, la plus importante des mathématiques modernes. Son universalité ne s'arrête pas là : le psychologue Piaget a mis en évidence le rôle essentiel joué par cette notion dans les mécanismes mêmes de la pensée, et...
  • BOREL ARMAND (1923-2003)

    • Écrit par
    • 795 mots

    En 1992, le mathématicien Armand Borel a reçu le prix international Balzan « pour ses contributions fondamentales à la théorie des groupes de Lie, des groupes algébriques et des groupes arithmétiques, et pour son action inlassable en faveur de la recherche mathématique et de la propagation...

  • BURNSIDE WILLIAM SNOW (1852-1927)

    • Écrit par
    • 394 mots

    Mathématicien britannique, spécialiste de la théorie des groupes. Né le 2 juillet 1852 à Londres (Grande-Bretagne) d'un père écossais, William Snow Burnside fait ses études supérieures au Pembroke College de l'université de Cambridge, dont il est diplômé en 1875 et où il effectue ses recherches...

  • CAUCHY AUGUSTIN-LOUIS (1789-1857)

    • Écrit par
    • 1 402 mots
    • 1 média
    ...valeurs propres d'une matrice symétrique d'ordre supérieur à 3, et il partage avec Binet la découverte de la formule donnant le produit de deux déterminants. Il a été aussi le premier à dégager clairement la notion de groupe de permutations et on lui doit les premiers résultats non triviaux de la théorie des...
  • Afficher les 34 références

Voir aussi