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GU KAIZHI[KOU K'AI-TCHE](344 env.-env. 406)

L'œuvre

En son temps déjà, sa peinture valut à Gu Kaizhi une célébrité immense. Son génie s'imposa d'emblée au public de la capitale : dès l'âge de vingt ans, une fresque représentant Vimalakirti, qu'il exécuta dans un temple de Nankin, attira un prodigieux concours de foule. De son activité picturale, outre diverses autres fresques bouddhiques, les catalogues anciens ne mentionnent qu'une soixantaine de peintures ; dès l'époque Song, ses œuvres s'étaient déjà faites rares. D'après les titres, on peut déduire que la plus grande part de sa production se rattachait encore à la peinture de figures, qui restera le genre pictural majeur jusqu'à la fin des Tang. Il puise occasionnellement son inspiration dans le bouddhisme, mais plus fréquemment dans le taoïsme qui devait mieux correspondre à l'orientation de son esprit. A côté de sujets mythologiques et légendaires, on relève un bon nombre de portraits, genre où, si l'on en croit les critiques anciens, il dut exceller. Il exécuta plusieurs illustrations de poèmes et de textes littéraires et fut aussi un peintre de paysages et d'animaux : bref, il semble avoir abordé tous les genres sans se laisser enfermer, comme tant de peintres chinois, dans les limites étroites d'une spécialité. L'intérêt tout particulier présenté par l'étude de Gu Kaizhi provient de ce que, à la différence de tous les autres artistes de cette même époque (pour lesquels il ne subsiste plus qu'une information littéraire), il est encore possible de consulter un témoin de son œuvre : il s'agit du fameux rouleau horizontal Admonitions aux femmes du gynécée impérial. Le rouleau exécuté sur soie, à l'encre au trait pur, avec rehauts de couleurs, présente une succession de neuf épisodes distincts illustrant un texte de Zhang Hua, chaque scène étant précédée par le passage correspondant du texte. Le rouleau a été mutilé et, initialement, il devait sans doute comporter douze scènes (et non onze comme il est communément supposé) : les trois premières ont disparu, de même que les commentaires des critiques et collectionneurs qui figuraient en queue du rouleau. La plus ancienne mention du rouleau date de l'époque Song (Mi Fei) ; après être passé entre les mains de divers grands collectionneurs, il entra au xviiie siècle dans la collection impériale à Pékin, où il fut volé en 1900 lors de la guerre des Boxers par un officier britannique qui le vendit ensuite pour une bouchée de pain au British Museum. Au cours des âges, l'œuvre a été fort abîmée ; plusieurs fois rafraîchie, restaurée et rapiécée, il est malaisé aujourd'hui d'isoler la donnée originale des apports des retoucheurs successifs. L'authenticité du rouleau a donné lieu à de nombreuses discussions ; il est généralement admis qu'il ne saurait probablement pas être de la main de Gu Kaizhi lui-même, mais doit être une copie ancienne (Tang ou Song). Il n'en constitue pas moins l'une des reliques les plus antiques et les plus précieuses de toute l'histoire de la peinture chinoise, car il ne s'agit pas d'une libre transposition, mais bien d'une scrupuleuse réplique.

L'œuvre reste empreinte d'archaïsme (le traitement de la ligne dans les draperies flottantes des figures rappelle les bas-reliefs Han) ; pourtant elle est déjà animée de cette douceur, de cette souplesse féminine et de ce raffinement qui resteront propres de façon générale à toute la peinture du Jiangnan. Le souci de caractérisation individuelle des personnages et des attitudes ouvre à l'art des perspectives nouvelles. D'autre part, l'exécution strictement linéaire, malgré sa sûreté et son élégance, apparaît encore imperméable aux expériences et aux conquêtes effectuées à la même époque par la calligraphie en ce qui concerne la pleine exploitation[...]

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Écrit par

  • : reader, Department of Chinese, Australian National University

Classification

Autres références

  • JIN [CHIN], dynastie chinoise (265-419)

    • Écrit par
    • 840 mots

    La dynastie chinoise des Jin comprend deux phases distinctes : les Jin occidentaux ou Xi Jin (265-316) et les Jin orientaux ou Dong Jin (317-419).

    En 265, Sima Yan (234 ou 236-290), prince de la famille Sima, dépose le dernier empereur Cao et fonde la dynastie des Jin occidentaux. Ce monarque dynamique...