Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GU KAIZHI[KOU K'AI-TCHE](344 env.-env. 406)

L'esthétique de Gu Kaizhi

Les jugements que la postérité a portés sur l'œuvre de Gu ne sont pas entièrement unanimes. Dès la première moitié du vie siècle, l'opinion assez sévère du peintre et critique Xie He détonne au milieu d'un concert d'éloges : Xie estime que chez Gu l'exécution n'est pas à la hauteur de la conception et juge sa gloire surfaite.

Ce jugement a été à son tour attaqué par la plupart des critiques ultérieurs, mais confirmé par quelques autres. Les développements de la discussion perdent toutefois de leur pertinence à mesure que passent les siècles : les arguments finissent par s'échanger dans le vide, les auteurs étant dans l'impossibilité matérielle de juger sur pièces. À la lumière de ce que l'on sait de l'orientation esthétique respective de Gu et de Xie, les réticences du second devant l'art du premier peuvent cependant s'expliquer de manière assez cohérente. Sur l'esthétique de Gu, une importante source d'information réside dans ses propres écrits ; bien que fragmentaires, obscurs et préservés dans une version corrompue, ces écrits expriment une constante très significative : le primat accordé aux exigences d'« expression spirituelle » du modèle. Pour Gu, manifestement, la peinture ne devait plus se limiter au seul rendu fidèle des apparences formelles, et il s'agissait avant tout pour le peintre de capter le dynamisme intérieur, l'énergie vitale du sujet. Dans cette perspective, la critique négative d'un Xie He – par ailleurs artiste conservateur, technicien minutieux, réaliste et académique – s'explique assez logiquement. Et, en même temps, bien que la gloire d'avoir pour la première fois proposé l'énoncé formel des Six Principes de la peinture lui revienne, il apparaît clairement que Xie He ne fit sans doute là que codifier ou répéter des notions préexistantes dont pour l'essentiel (le premier principe de transmission de l'influx vital) il ne pouvait avoir lui-même qu'un entendement limité : la véritable origine de ces notions devant plutôt se trouver dans l'esthétique neuve esquissée précédemment par Gu.

— Pierre RYCKMANS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : reader, Department of Chinese, Australian National University

Classification

Autres références

  • JIN [CHIN], dynastie chinoise (265-419)

    • Écrit par
    • 840 mots

    La dynastie chinoise des Jin comprend deux phases distinctes : les Jin occidentaux ou Xi Jin (265-316) et les Jin orientaux ou Dong Jin (317-419).

    En 265, Sima Yan (234 ou 236-290), prince de la famille Sima, dépose le dernier empereur Cao et fonde la dynastie des Jin occidentaux. Ce monarque dynamique...