GUARANI
Les Indiens d'aujourd'hui
L'habitat et le mode de vie des Guarani n'ont plus grand-chose à voir avec ceux d'autrefois et diffèrent très peu de ceux des paysans paraguayens les plus pauvres. Pourtant ils refusent toujours l'assimilation pure et simple, et seul un attachement obstiné à leurs traditions religieuses a pu maintenir la cohésion des dernières communautés indiennes. Toute leur éthique est fondée sur le maintien de cette tradition et sur le refus des valeurs occidentales tant matérielles que spirituelles. Selon la cosmogonie indigène, la première terre fut créée puis détruite, par l'incendie et le déluge universels, avec la première humanité qu'elle portait. Cette terre, la seconde par conséquent, également imparfaite, est aussi vouée à la destruction. Le seul moyen d'échapper à un cataclysme que les Indiens pensent imminent est de découvrir le chemin de la Terre sans Mal, indestructible celle-là, terre des dieux et des ancêtres où le maïs pousse tout seul et où l'on ne meurt pas. Toutes les pratiques religieuses sont tournées vers cet objectif : les prières, où l'on demande aux dieux de dévoiler le chemin ; le jeûne et la danse, destinés à alléger le corps et à rendre plus aisée sa migration « au-delà de la mer » où, dit-on, se trouve la Terre sans Mal. On sait que du xvie jusqu'au début du xxe siècle, la quête de la Terre sans Mal suscita de très vastes mouvements migratoires, que de tels mouvements ont probablement existé à l'époque précolombienne (peut-être furent-ils une des causes de la vaste dispersion des peuples Tupi-Guarani). Aujourd'hui encore, il arrive qu'un individu ou une famille quitte sa communauté pour partir à sa recherche. C'est dire que la tradition que perpétuent les Guarani est originale et ne doit rien à l'enseignement des missionnaires ou à un quelconque syncrétisme. On sait du reste que l'un au moins des groupes actuels descend des Caaigua et non des Indiens christianisés. Le surprenant paradoxe d'un messianisme de conquérants constitue le caractère le plus remarquable de ce qui fut la culture guarani.
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Écrit par
- Hélène CLASTRES : chargée de recherche au C.N.R.S.
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