GUATEMALA, ville
Nueva Guatemala de la Asunción (nom officiel), la capitale actuelle du Guatemala − communément appelée Guatemala Ciudad − fut fondée en 1776 dans un bassin intra-montagnard à 1 500 mètres d'altitude après que de violents tremblements de terre eurent endommagé l'ancienne capitale Santiago de los Caballeros (aujourd'hui Antigua Guatemala). Siège des élites créoles terriennes, commerciales et religieuses de la Capitainerie générale du Guatemala, elle connaît, après l'indépendance en 1821, une croissance lente jusqu'en 1950, perturbée par les tremblements de terre de 1917-1918 qui détruisent une grande partie du patrimoine architectural colonial. Elle est aujourd'hui le centre démographique, économique et politique le plus important du pays et concentre 50 à 60 p. 100 du P.I.B., loin devant les deux autres plus grandes villes du pays (Quetzaltenango et Escuintla, dont la population n'atteint pas 200 000 habitants). En effet, regroupant la ville de Guatemala et onze municipes voisins, l'aire métropolitaine concentre 20 p. 100 de la population, soit 2,26 millions d'habitants, dont 942 348 pour la capitale elle-même (selon le recensement de 2002).
Depuis le milieu du xxe siècle, l'apport migratoire a été considérable, notamment lors du tremblement de terre de 1976 et durant la guerre civile des années 1980. Destination privilégiée des populations pauvres ladinas (métisses) de l'Oriente, la ville ne comptait, au milieu des années 1990, que 6,5 p. 100 de la population indienne, 8 p. 100 pour l'aire métropolitaine. Une forte polarisation sociale caractérise l'espace urbain. Les classes aisées ont délaissé le centre historique pour des espaces résidentiels et commerciaux de plus en plus fermés et sécurisés, situés au sud de la ville et le long de la route vers le Salvador. Les quartiers centraux, où l'habitat locatif est très présent, ont une identité nettement populaire. L'habitat précaire des bidonvilles résulte de processus d'invasion limités en raison d'une répression active de l'armée ; il demeure cantonné aux pentes abruptes des ravins qui entaillent le fond du bassin, tandis que les lotissements autoconstruits se multiplient à la périphérie de la ville.
L'ensemble urbanisé s'étend désormais au-delà du bassin de Guatemala le long de deux axes majeurs, l'un vers les grandes plantations de la plaine côtière pacifique, au sud, l'autre vers l'altiplano à forte population indienne, à l'ouest. Aucune entité politico-administrative commune ne gère cet ensemble hétérogène de municipalités aux ressources très inégales.
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Écrit par
- Noëlle DEMYK : professeur de géographie à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
Classification
Médias