GUDÉA (fin XXIIe s. av. J.-C.) prince de Lagash
Ensi (seigneur temporel et religieux), roi de Lagash, dont le règne se situe dans la seconde moitié du ~ xxiie siècle. Gudéa est, avec Ur-gur-nammahni, l'un des gendres et successeurs de l'ensi Ur-bau qui exerce le pouvoir à Lagash au moment où disparaît le royaume d'Akkad au début du ~ xxiie siècle. Lagash est, du reste, dégagée de toute obédience envers Agadé, à la faveur de l'invasion des Gouti, avec l'ensi Lugal-ushum-gal. À Gudéa succède son fils Ur-ningirsu, qui a lui-même pour successeur son fils Pirig-me. Tous ces dynastes ont été les contemporains des derniers rois gouti et, cependant, l'époque de Gudéa s'inscrit dans cette « renaissance sumérienne » qui débouchera sur la IIIe dynastie d'Ur. Pour la cité de Lagash, le temps de Gudéa représente un apogée.
Un certain nombre de statues de Gudéa nous sont parvenues, ainsi que des stèles et des vases où sont figurées des scènes liturgiques. Ces reliques de sculpture, auxquelles on reproche parfois leur canon trop ramassé ou un académisme commençant, témoignent cependant d'une haute, parfois d'une exceptionnelle qualité artistique. Elles font partie intégrante de la décoration des temples que Gudéa, à l'instar de son beau-père Ur-bau, a entrepris de restaurer et dont il ne reste pratiquement plus rien (l'œuvre destructrice du temps ayant été parachevée par des fouilles conduites au début du xxe siècle selon une technique très imparfaite).
Les longues inscriptions merveilleusement gravées sur les statues et les grands cylindres votifs fournissent des renseignements importants concernant la vie à Lagash et la pensée religieuse sumérienne (qui connaît une maturité remarquable, un éclat peut-être proche du déclin). La prospérité de la cité semble avoir été considérable si l'on en juge par les dépenses fastueuses auxquelles Gudéa consent pour faire du sanctuaire de Ningirsu un édifice d'une incomparable splendeur. Nous apprenons que l'ensi a fait importer de l'Amanus et des régions syriennes voisines, ainsi que des côtes d'Oman et de la vallée de l'Indus, divers matériaux de construction de qualité ou même rares, des métaux et des pierres précieuses. En dehors d'une campagne contre l'Élam que Gudéa semble avoir menée de façon victorieuse et qui lui procure de la main-d'œuvre en abondance, on ne trouve qu'une allusion, peut-être, à des troubles dont l'ensi peut venir à bout. L'époque de Gudéa semble avoir été une époque paisible, durant laquelle les communications sont sûres.
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Écrit par
- Valentin NIKIPROWETZKY : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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