SVIRIDOV GUEORGUI VASSILIEVITCH (1915-1998)
Dans l'ombre de Chostakovitch, de Khatchatourian et de Kabalevski, Sviridov est considéré comme l'un des maîtres de la musique vocale russe. Mais il laisse aussi l'image d'un compositeur qui a suivi fidèlement les directives du pouvoir soviétique en matière de création musicale, même si la voie qu'il avait choisie lui permettait de ne jamais tomber dans une illustration servile de ces objectifs.
Né à Fatezh, près de Koursk, le 16 décembre 1915, il commence ses études musicales à Koursk (1929-1932) avant de venir travailler au conservatoire de Leningrad ; il y étudie le piano avec Isaïe Braudo et Maria Yudina (1932-1936) puis la composition avec P. Razianov et Dmitri Chostakovitch (à partir de 1937). Il remporte son diplôme de composition en 1941. Ses premières œuvres datent de l'époque de ses études : le Concerto pour piano no 1 (1936-1939), l'opérette Un vrai fiancé (1939), la Symphonie pour orchestre à cordes (1940). Dans Le Chant du pèlerin, pour basse et orchestre (1943), il révèle ses affinités pour la musique vocale, qui occupera l'essentiel de son œuvre. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il commence une carrière de pianiste mais ses activités de compositeur prennent vite le dessus. En 1945, il reçoit le prix Staline pour son Trio avec piano. À partir de la fin des années 1940, le manifeste de Jdanov, le trop fameux ministre de la Culture de Staline, condamne les musiques modernistes et prône un retour aux sources populaires dans un langage accessible à tous. Sviridov s'engouffre alors dans le créneau qui s'ouvre devant lui et s'avère être l'un des rares compositeurs soviétiques à signer une musique de qualité, parfois un peu grandiloquente, répondant à ces critères. Il se fixe à Moscou en 1956. Entre 1962 et 1974, il est secrétaire de l'Union des compositeurs de l'U.R.S.S. puis président de l'Union des compositeurs de la République de Russie. En 1970, il est nommé artiste du peuple de l'U.R.S.S. Il meurt à Moscou le 5 janvier 1998.
La musique de Sviridov est toujours mélodieuse et fait rarement appel à des harmonies audacieuses. Elle puise son inspiration dans les chants traditionnels russes, sur des textes généralement empruntés à la littérature de son pays natal (Essenine, Pasternak, Lermontov, Maïakovski). Son Oratorio pathétique (1959), sur un texte de Maïakovski, devient l'un des plus grands succès de l'époque soviétique et lui vaut le prix Lénine en 1960. La musique de Sviridov est ici inspirée par des chants populaires de la région de Koursk. Dans la même ligne des ouvrages officiels, il a composé un Chant sur Lénine (1960) et une Ode à Lénine (1976). Mais c'est son Petit Triptyque pour orchestre (1964) qui l'a fait connaître hors de la Russie. Sa musique de chambre, plus personnelle et souvent marquée par l'influence de Chostakovitch, a commencé à sortir de l'ombre après la chute du régime soviétique (Quintette avec piano, 1945 ; Trio avec piano, 1945, révisé en 1955 ; deux quatuors à cordes, 1945-1946 et 1947-1948). Mais le meilleur de sa musique réside dans ses partitions vocales, chœurs ou mélodies (plusieurs cycles sur des poèmes d'Essenine ; les Chants de Saint-Pétersbourg pour soprano, mezzo-soprano, baryton, basse, violoncelle et piano, sur des poèmes d'Alexander Blok, 1963) ou dans la très originale Guirlande de Pouchkine, sous-titrée « concerto pour chœur » (1979-1980). À cet égard, on peut établir un parallèle avec Moussorgski. L'osmose qu'a su créer Sviridov entre la langue russe et sa musique a certainement constitué un obstacle à la diffusion de son œuvre.
Bibliographie
D. Frischman dir., Georgi Sviridov, Musyka, Moscou, 1971
H. Gerlach, Fünfzig sowjetische Komponisten der Gegenwart, Peters, Leipzig-Dresde, 1984
F. C. Lemaire, La[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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