- 1. L'insurrection de novembre 1954
- 2. Le soulèvement paysan du 20 août 1955
- 3. Les « pouvoirs spéciaux »
- 4. Les violences algéro-algériennes
- 5. Dans l'engrenage de la terreur : la « bataille d'Alger »
- 6. Le 13 mai 1958 et la naissance de la Ve République
- 7. Victoire militaire et doutes politiques
- 8. Sur la voie de l'« autodétermination »
- 9. Pourparlers et « porteurs de valises »
- 10. La création de l'OAS
- 11. Pour la fin de la guerre : la lassitude de l’opinion
- 12. L’exode des Européens terrorisés
- 13. Mémoires de la guerre
- 14. Bibliographie
GUERRE D'ALGÉRIE
Le soulèvement paysan du 20 août 1955
Avec la dissolution de la principale organisation indépendantiste algérienne, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), et l'envoi, le 1er décembre 1954, de renforts militaires, Pierre Mendès France et François Mitterrand pensent mater sans peine une rébellion très minoritaire. Ils se trompent. Le 5 février 1955, Mendès France doit démissionner et, le 3 avril, le gouvernementEdgar Faure promulgue l'état d'urgence en Algérie. La censure est établie, mais officiellement on ne parle encore que d'« événements ». Jusqu'alors, l'insurrection ne mobilise que quelques centaines de militants, tenant le maquis dans l'Aurès et la Kabylie. Or, le 20 août 1955, des milliers de paysans algériens se soulèvent et se lancent à l'assaut des villes du Nord-Constantinois. L'initiative de cette action de grande ampleur revient à Youcef Zighoud, successeur de Mourad Didouche (tué en janvier) à la tête du FLN pour la région et à son adjoint, Lakhdar Bentobbal. Ce jour-là, s'achève la « drôle de guerre ». Le conflit prend son vrai visage.
Dans le Constantinois, la coexistence entre Européens et musulmans a toujours été plus tendue qu'ailleurs. Personne n'a oublié les massacres perpétrés en mai 1945 par l'armée française pour réprimer les émeutes de la faim. À Sétif et à Guelma, le bombardement des populations avait fait des milliers de victimes. Dix ans plus tard, c'est le même engrenage de violence et de répression aveugle qui se met en marche. Plusieurs milliers de paysans encadrés par des maquisards de l'Armée de libération nationale (ALN), branche armée du FLN, pénètrent dans les villes et les villages, s'attaquant aux postes de police et de gendarmerie. Des Français, des Algériens suspectés de loyalisme à l'égard de la puissance coloniale sont assassinés. Le bilan des émeutes est de 123 morts, dont 71 Européens. L'armée, appuyée par des milices privées d'Européens, riposte avec une rare violence. Officiellement, la répression fera 1 273 morts ; en fait, beaucoup plus. Ainsi prend fin le mythe des opérations de maintien de l'ordre en Algérie.
Sans le dire, la France entre en guerre et rappelle 60 000 réservistes. Jacques Soustelle, le gouverneur général de l'Algérie, jusque-là favorable à une intégration de l'Algérie à la France, est bouleversé par les massacres d'Européens et bascule dans le camp de la répression. Le temps des réformes est révolu. Avec l'inscription, le 30 septembre 1955, de la « question algérienne » à l'ordre du jour de l'ONU, le conflit entre dans sa phase d'internationalisation. En Algérie même, le fossé entre les deux communautés s'est creusé. La dynamique de la répression cristallise désormais autour du FLN un nombre croissant d'opposants à la présence française, tandis que, en France, l'affaire algérienne s'installe au cœur de la vie politique. Le Front républicain, vaste coalition de la gauche non communiste constituée après la dissolution de l’Assemblée nationale de décembre 1955, mène campagne sur le thème de « la paix en Algérie » et remporte les élections législatives du 2 janvier 1956.
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Écrit par
- Benjamin STORA : professeur émérite des Universités
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