GUERRE DE CENT ANS
Le redressement français (1360-1404)
Le transfert des territoires se fit plus lentement que prévu, et les renonciations ne furent ratifiées ni par Edouard III ni par Jean II. La possibilité juridique de nouveaux conflits demeurait. Le paiement de la rançon du roi, libéré au premier versement en octobre 1360, traîna également et, un otage français, le duc d'Anjou, s'étant évadé, Jean le Bon revint en janvier 1364 à Londres, où il mourut le 8 avril.
La tactique de Charles V le Sage
De 1360 à 1369, les Français furent occupés à contenir le roi de Navarre, à régler la succession de Bretagne, à éviter le mariage de l'héritière du comté de Flandre avec un prince anglais, et surtout à débarrasser le royaume des troupes d'anciens soldats pillards, les compagnies. Une partie d'entre elles fut envoyée, sous la conduite de Du Guesclin, qui s'était illustré dans ces luttes, en Espagne où se déroulait une guerre dynastique. Le prince de Galles, devenu chef de la vaste principauté d'Aquitaine, y participa aussi et s'y ruina.
Il accabla d'impôts ses vassaux et sujets français, et l'un d'eux, le comte d'Armagnac, fit appel à Charles V qui, après avoir pris l'avis de juristes français et italiens, prononça, le 30 novembre 1368, la confiscation de l'Aquitaine. Le 3 juin, Edouard III avait repris le titre de roi de France. Les hostilités recommencèrent au début de 1369.
Charles V, qui avait mieux organisé les ressources financières de la royauté et recruté de petites armées de volontaires aguerris placés sous le commandement de chefs dociles, fit adopter une nouvelle tactique : une guerre de sièges et d'escarmouches, évitant les batailles rangées et grignotant l'ennemi, laissé libre de mener des chevauchées. Le mot d'ordre était : « Mieux vaut pays pillé que terre perdue. » Cette tactique, qui eut de bons résultats politiques, livra une grande partie de la France à des ravages et massacres qui imposèrent de grandes souffrances aux sujets de Charles V. Ce fut la période matériellement et humainement la plus ruineuse pour la France.
Entre 1369 et 1375, les Français, aidés par les Castillans, vainqueurs sur mer, reprirent aux Anglais et à leur allié le roi de Navarre, Charles le Mauvais, la plus grande partie de leurs possessions, à l'exception de Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux et Bayonne et de quelques forteresses dans le sud du Massif central. Des trêves et des négociations, de 1375 à 1377, ne donnèrent aucun résultat.
Deux minorités
La minorité des deux nouveaux rois, Richard II (à partir de 1377) en Angleterre, Charles VI (à partir de 1380) en France, fut marquée de graves difficultés dans les deux pays. Ici et là, la cause en fut un redoublement d'impôts levés, au nom d'une monarchie encore fragile, par des princes surtout soucieux de satisfaire leurs ambitions personnelles.
Une grande révolte paysanne éclata en Angleterre en 1380, et des émeutes urbaines (la Hérelle à Rouen, les maillotins à Paris), en même temps que des vagues de banditisme (tuchins du Languedoc) et un soulèvement populaire en Flandre (Gand), ébranlèrent la France. Les oncles de Charles VI rétablirent mieux la situation que Richard II, soumis à la pression des barons anglais désireux de mettre la monarchie en tutelle.
Les difficultés, jointes à l'échec de plusieurs chevauchées anglaises, amenèrent Anglais et Français à conclure des trêves, annuelles de 1388 à 1395, puis générales en 1396. En principe destinées à durer jusqu'en 1426, donc à instaurer une paix déguisée, elles durèrent, malgré de sérieux « attentats aux trêves », jusqu'en 1404. Richard II, qui évacua Cherbourg en 1394 et Brest en 1397, était désireux de se réconcilier avec le roi de France qui, malgré son incapacité (la première crise de folie de Charles VI est de 1392), lui paraissait disposer d'un pouvoir[...]
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Écrit par
- Jacques LE GOFF : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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