GUERRE DE CENT ANS
Une monarchie anglo-française dirigée par les Anglais (1404-1422)
En 1404, voulant profiter d'une révolte des Gallois contre les Anglais, les Français reprirent les hostilités. Ils échouèrent en Guyenne, tout comme le duc de Bourgogne, à leurs côtés, devant Calais.
La politique française fut bientôt dominée par la rivalité entre le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, et le duc d'Orléans, Louis d'Orléans. Jean sans Peur fit assassiner son rival (1407) et, appuyé sur la bourgeoisie parisienne, dirigea la politique royale. Mais ses ennemis s'organisaient sous la conduite du comte Bernard d'Armagnac, beau-père de Charles d'Orléans, fils du duc assassiné, et contrôlaient la moitié du royaume.
Armagnacs et Bourguignons
En 1411, Jean sans Peur fit appel à Henri IV contre les Armagnacs, qui ripostèrent en promettant de plus larges parts du territoire français au roi d'Angleterre. En 1412, les Anglais menèrent de Cherbourg à Bordeaux une chevauchée qui ne rencontra pas de résistance.
Jean sans Peur fit massacrer les Armagnacs à Paris, et, toujours soutenu par les Parisiens, fit promulguer une timide mais raisonnable réforme du royaume, l'ordonnance dite « cabochienne » (arrachée par des émeutiers menés par le boucher Caboche). Les riches Parisiens, effrayés, firent alors appel aux Armagnacs, qui abolirent l'ordonnance et firent régner la terreur à Paris au milieu d'une impopularité croissante.
À la mort d'Henri IV (1413), son fils Henri V envoya un ultimatum aux Français, réclamant les territoires perdus à Brétigny, la Normandie, l'hommage de la Bretagne, la main de Catherine, fille de Charles VI, et 3 600 000 francs pour le reste de la rançon de Jean le Bon et la dot de Catherine.
Devant les atermoiements français, il reprit la guerre, écrasa une forte armée française à Azincourt (25 oct. 1415), reçut l'appui de l'empereur et du duc de Bourgogne, prétendant à la couronne de France, et conquit la Normandie (1417-1419).
Cependant, la rivalité entre les Bourguignons, soutenus par la reine Isabeau, et les Armagnacs, dont le jeune dauphin Charles était devenu le chef, aboutit au meurtre de Jean sans Peur (10 sept. 1419). Désormais, sûr de l'impossibilité d'une réconciliation entre Armagnacs et Bourguignons, Henri V imposa au nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, et à la reine Isabeau, soutenus par une partie des conseillers royaux et les Parisiens, le traité de Troyes (21 mai 1420), qui déshéritait le dauphin au profit d'Henri V. Celui-ci devenait régent du royaume avant de succéder à Charles VI, mais en maintenant la séparation des royaumes de France et d'Angleterre qui auraient toutefois le même souverain.
Après la mort d'Henri V (31 août 1422) et celle de Charles VI (21 oct. 1422), Henri VI, un bébé de quelques mois, fut proclamé roi d'Angleterre et roi de France. Son oncle, le duc de Bedford, prit sans difficulté la régence de France.
La partie était pourtant loin d'être gagnée par les Anglais. Au lendemain même du traité de Troyes, le dauphin avait déclaré nul le traité et s'était assuré le soutien de toute la France du Centre et du Sud, à l'exception de la Guyenne. À la mort de son père, il se proclama roi sous le nom de Charles VII.
Les Français vainqueurs (1423-1453)
De 1423 à 1428, les Anglais n'obtinrent que des succès militaires mineurs ou sans lendemain (Verneuil, 1424), tandis que Charles VII neutralisait le duc de Bourgogne. En 1428, les Anglais décidèrent d'entamer des opérations décisives contre Charles VII. Au lieu d'attaquer l'Anjou comme le désirait Bedford, les chefs militaires anglais mirent, le 12 octobre, le siège devant Orléans, clé du passage de la Loire vers le Berry. Les Anglais se heurtaient à des difficultés : la jouissance des seules ressources fiscales levées[...]
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Écrit par
- Jacques LE GOFF : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
Classification
Médias
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