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SUCCESSION DE POLOGNE GUERRE DE LA (1733-1738)

À la mort du roi de Pologne Auguste II en 1733, Stanislas Leszczyński tente de remonter sur le trône de Pologne avec l'aide d'un corps d'armée français de deux mille hommes. Devenu beau-père de Louis XV en 1725, il a l'appui de la France, mais aussi celui d'une partie de la noblesse polonaise et des Czartorisky. Il est élu roi de Pologne une seconde fois. Mais il se heurte à des mécontents (en particulier les magnats de Lituanie) qui sollicitent l'intervention de la Russie en faveur de l'électeur de Saxe, fils du défunt roi ; une armée russe apparaît devant Varsovie et suscite une diète fantôme (quinze sénateurs et cinq cents gentilshommes) pour proclamer Auguste III roi de Pologne. Stanislas et ses partisans sont vaincus par les Russes à Gdansk ; il se retire à Königsberg, puis en France. Le conflit prend alors des dimensions européennes, car les Français portent la guerre en Italie du Nord et sur le Rhin. Tandis que les puissances maritimes (Grande-Bretagne et Provinces-Unies) promettent de rester neutres, le ministre français Fleury signe un traité d'alliance avec la Savoie et l'Espagne (1733), dans le but de rendre l'Italie aux Italiens en chassant l'Autriche. Celle-ci est l'alliée de la Russie et de la Saxe et fera indirectement les frais de la guerre. La campagne d'Allemagne n'est guère favorable à l'empereur Charles VI, qui négocie dès 1735 : la France gardera les duchés lorrains et son gendre François de Lorraine sera indemnisé avec la Toscane. Cette combinaison ingénieuse permettra, en outre, de donner une principauté à Stanislas qui gardera le titre de roi et régnera à Nancy jusqu'à sa mort en 1768. Les préliminaires de Vienne seront repris et ratifiés en 1738 ; la carte politique est sensiblement modifiée, la puissance autrichienne étant concentrée au nord de la péninsule (Naples et la Sicile sont attribuées à un Bourbon, don Carlos ; la Toscane à la maison de Lorraine ; Parme et Plaisance aux Habsbourg). Ainsi, la guerre de la Succession de Pologne consacre l'échec du Parti national en Pologne, l'annexion de la Lorraine à la France et le partage de l'Italie entre Habsbourg (Milan, Parme, Plaisance, Toscane) et Bourbons (Naples et Sicile) ; elle montre, en outre, l'affaiblissement de la puissance militaire autrichienne et l'effacement de la Pologne en tant que grande puissance (avec Auguste III se renforce le protectorat russe).

— Jean BÉRENGER

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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