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SEPT ANS GUERRE DE (1756-1763)

La guerre de Succession d'Autriche avait abouti en 1748 à une déception générale. Seul Frédéric II de Prusse en avait tiré profit et il désirait préserver la conquête de la Silésie contre une revanche que l'Autriche préparait presque ouvertement. La Grande-Bretagne cherchait une alliée continentale capable de protéger le Hanovre contre toute menace pendant qu'elle lutterait contre la France dont les progrès en Louisiane inquiétaient les treize colonies d'Amérique du Nord. Les querelles coloniales s'envenimaient dans les territoires mal délimités, entre les possessions britanniques et françaises, situés dans la vallée de l'Ohio d'une part, et dans l'Empire du Grand Moghol de l'autre. La capture en mer de plus de trois cents navires français par les Anglais donna le signal des hostilités. Les négociations entre l'Angleterre et la Prusse aboutirent au traité de neutralité de Westminster en janvier 1756. Elles incitèrent l'Autriche à découvrir ailleurs le complément de moyens militaires dont elle avait besoin pour reconquérir la Silésie. Il est possible que la diplomatie secrète de Louis XV, dirigée par le prince de Conti, ait contribué activement à ce renversement des alliances.

L'Autriche se rapprocha de la France (traité de Versailles en mai 1756) ainsi que la Russie dont l'impératrice, Élisabeth, avait été blessée par des propos caustiques de Frédéric II. Ce dernier raillait « la coalition des cotillons ». Louis XV, à prix d'argent, s'assura la bienveillance d'Auguste III de Pologne et celle de la Suède pour faciliter le mouvement des troupes russes. Au lieu de lutter contre l'Angleterre, sur mer et aux colonies, la France consacra l'essentiel de ses ressources financières et militaires à soutenir une guerre continentale.

La guerre de Sept Ans représente un effort d'une importance exceptionnelle sur le plan militaire, et elle annonce les guerres révolutionnaires. Frédéric II profitait de sa position centrale, disposait d'une armée entraînée et bien encadrée. L'armée autrichienne modernisée restait lente dans ses mouvements. L'armée russe était renommée pour son artillerie et sa cavalerie cosaque, mais le commandement souffrait des intrigues de l'héritier de la couronne, admirateur de Frédéric II, et de la future Catherine II qui renseignait les Anglais. L'armée anglaise, peu nombreuse, était solide. L'armée française, aux effectifs élevés, aux soldats de qualité, dépendait d'un état-major soumis aux intrigues de cour.

Les opérations se déroulèrent en Saxe où Frédéric II avait établi ses bases (oct. 1756), la progression prussienne en Bohême fut stoppée quand les Français avancèrent en Hanovre et les Russes en Prusse orientale (victoire de Jaegersdorf, 1757). Mais l'armée impériale, appuyée par les Français de Soubise, s'offrit aux manœuvres de la cavalerie prussienne. Soubise, surpris à Rossbach, perdit 7 700 hommes. L'armée prussienne dispersa les Autrichiens qui avaient envahi la Silésie. En 1758, Frédéric II imposa un repli à l'armée russe en Prusse orientale ; à l'ouest, les troupes françaises, battues à Crefeld, abandonnèrent le Hanovre. Toutefois, l'année 1759 fut désastreuse pour la Prusse en raison des efforts de la Russie qui infligea à Frédéric II la sanglante défaite de Kunersdorf. C'est alors que se produisit le « miracle de la maison de Brandebourg ». Encore une fois, les Autrichiens lassèrent leurs alliés russes par leur mollesse. En 1760, les opérations de la Prusse se bornèrent à une défensive prudente. La victoire française de Clostercamp ne fut pas exploitée à cause des rivalités qui opposaient le duc de Broglie et le comte de Saint-Germain. Russes et Autrichiens parvinrent à piller Berlin, mais les victoires de la Grande-Bretagne sur mer rendaient la poursuite de la guerre de plus en plus impopulaire[...]

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  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lille

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