TRENTE ANS GUERRE DE
Les armées de la guerre de Trente Ans
Trente ans de guerre, dont le principal théâtre d'opérations allait être le Saint Empire. Les armées en présence étaient, avant tout, des armées de mercenaires, levées par des chefs de guerre qui assuraient l'enrôlement, l'armement et le ravitaillement des troupes. Au début, les effectifs ne dépassaient pas une vingtaine de milliers d'hommes, mais ils s'enflèrent considérablement au cours du conflit. L'équipement de l'infanterie et de la cavalerie était traditionnel : piques, mousquets, casques et cuirasses ; l'artillerie était encore peu importante, utilisée pour semer le désordre chez l'adversaire pendant le combat et tenter le siège des villes, mal fortifiées. Tout dépendait de la solde : si celle-ci n'était pas fournie à temps, les soldats se débandaient et pillaient la campagne. Plus les armées étaient nombreuses, plus il fallait d'argent. Les souverains ne pouvaient le fournir qu'en augmentant les impôts, mais, pour obtenir immédiatement des espèces, ils recouraient aux avances de négociants et de banquiers. Pour détourner les armées de leurs territoires, les grandes villes marchandes d'Allemagne consentaient à verser de lourdes contributions, mais elles n'évitaient pas toujours le saccage (cas de l'incendie de Magdebourg par l'armée catholique de Tilly, en 1631). Dans la campagne, les châteaux et les monastères étaient livrés au pillage. Le long des routes suivant les grands fleuves, les paysans subissaient sans défense les exactions de tout genre : enlèvement des récoltes et des bestiaux, violences contre les personnes avec des raffinements de méchanceté, pendaisons, viols. La discipline n'existait que pendant le combat (et encore !), et le soldat de la guerre de Trente Ans, quel que fût son parti, et dont la figure est bien évoquée dans le roman de Hans Jakob von Grimmelshausen, Les Aventures de Simplicius Simplicissimus, a laissé un durable souvenir de terreur. Au début de son intervention (1631) l'armée du roi de Suède Gustave Adolphe (13 000 hommes) présentait un autre caractère. Elle était recrutée dans le pays même par la conscription, animée d'un idéal religieux, soumise à une discipline sévère, avec interdiction de vol et de blasphème. La Suède, pays producteur de cuivre et de fer, était en mesure de fournir des armes. Bon stratège et tacticien, Gustave Adolphe modifia l'armement, supprima la cuirasse de l'infanterie, introduisit l'usage de la cartouche, du canon de bataillon, rendit l'action plus efficace par la tactique de l'ordre mince. Il forma de très bons élèves : J. G. Baner, L. Torstensson, C. G. Wrangel, ce qui explique que les armées suédoises, de 1631 à 1648, aient tenu un rôle essentiel jusqu'à la fin du conflit. Mais les effectifs atteignaient parfois 170 000 hommes, et ils étaient recrutés aussi par enrôlement, parmi les Allemands surtout. Il n'était plus question de la discipline du début. Les généraux suédois, comme les autres, s'enrichissaient de contributions et de pillages. Il serait trop sommaire de présenter tous les chefs de la guerre de Trente Ans comme des reîtres et des condottieri, en quête de butin. Plusieurs d'entre eux ne manquèrent pas d'esprit politique, mais assurément l'ambition personnelle fut le premier de leurs mobiles. Le cas le plus prestigieux reste celui d'Albert de Wallenstein (1583-1634). Jeune seigneur catholique de Bohême, il avait commencé sa fortune en acquérant des biens confisqués et en participant à une opération de refonte monétaire, au service de l'Empereur, en 1622 ; il leva une première armée qui lui permit, dans la guerre avec le Danemark, d'occuper au nom de l'Empereur la Basse-Saxe et le Mecklembourg, puis il fut brutalement disgracié. Lors[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Victor-Lucien TAPIÉ : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
Médias
Autres références
-
ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne du XVIe et du XVIIe s.
- Écrit par Georges LIVET
- 6 506 mots
- 7 médias
La révolte de Bohême de 1618 peut être considérée comme le début de la guerre de Trente Ans. Mais il ne s'agit encore que de querelles entre États et princes. Le 23 mai 1618, les représentants de l'Empereur sont défenestrés à Prague, et l'aristocratie protestante se révolte contre la domination... -
ALSACE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Françoise LÉVY-COBLENTZ et Raymond WOESSNER
- 6 482 mots
- 2 médias
Pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), l'Alsace servit de champ de bataille aux armées impériales, suédoises, weimariennes et françaises. Massacres, famines, pestes déciment plus de la moitié de la population, et c'est une Alsace misérable qu'en des clauses obscures le traité de Westphalie cède... -
AUTRICHE
- Écrit par Roger BAUER , Jean BÉRENGER , Annie DELOBEZ , Encyclopædia Universalis , Christophe GAUCHON , Félix KREISSLER et Paul PASTEUR
- 34 125 mots
- 21 médias
– La phase bohême. Elle concerne les pays tchèques et la Basse-Autriche et marque les débuts de la guerre de Trente Ans. La fraction protestante de la diète de Bohême prit l'initiative du conflit par la fameuse défenestration de Prague (1619), au cours de laquelle des officiers royaux, catholiques,... -
BAVIÈRE (histoire)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Michel EUDE
- 3 156 mots
- 2 médias
La guerre de Trente Ans marque une étape majeure dans les progrès de l'État bavarois. Après son équipée malheureuse en Bohême, le Palatin Frédéric V se voit dépouillé par l'empereur Ferdinand II à la fois de la dignité électorale et de ses possessions territoriales, qui sont attribuées... - Afficher les 41 références