PAYSANS GUERRE DES
Causes et conséquences de l'échec paysan
Mystique, politique, réalités économiques, sociales et militaires se mêlent étroitement au sein du mouvement.
Dès le 15 mars 1525, dans les « douze articles », les paysans de Souabe réunis à Memmigen demandent le droit de choisir leur curé et de ne payer que la dîme légitime, l'affranchissement du servage, la liberté de la chasse et de la pêche, celle des bois, la limitation des corvées, un salaire convenable, des cens modérés, des communaux préservés, l'abolition du mortuaire et une vie conforme à l'Évangile. En avril, Luther adjure la noblesse et les paysans de renoncer à la violence. En vain ! Le programme de Münzer développe une révolution radicale : communauté des biens, obligation de travail pour tous, suppression de toute autorité. À Heilbronn, capitale des insurgés, Hipler développe une sorte de constitution allemande. Devant les destructions qui se succèdent et la menace de révolution sociale, Luther lance sa brochure Contre les bandes pillardes et assassines des paysans, qui justifie à l'avance les atrocités de la répression.
Les paysans ont pour eux la masse, l'effet de surprise, la mobilité, la connaissance du terrain. Leur armement et leurs chefs ne sont pas inférieurs à ceux des seigneurs, même en ce qui concerne l'artillerie. Leur défaite est due à la valeur de leurs adversaires (Truchsess), à l'ivresse des premiers succès, à la défiance réciproque entre les chefs et les troupes, à la défection de leurs alliés d'un moment, nobles ou villes, et enfin au manque de cohésion de l'ensemble face aux troupes mercenaires, lansquenets à la solde des princes rentrés d'Italie. La répression, individuelle ou collective, fut atroce.
Parmi les conséquences de l'échec paysan, les unes sont immédiates : mortalité considérable difficile à chiffrer, destructions de couvents, de châteaux forts, de fermes et de villages ; les autres sont plus lointaines : maintien du régime juridique et économique médiéval, affaiblissement du clergé sauf dans les régions préservées comme la catholique Bavière, disparition de la petite noblesse et renforcement dans les villes du régime patricien partout rétabli, montée du pouvoir des princes. Ces derniers apparaissent comme les véritables vainqueurs de cette lamentable tragédie qui marqua pour des siècles la conscience allemande.
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Écrit par
- Georges LIVET : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Strasbourg
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