GUERRE FROIDE (notions de base)
La culture de la guerre froide
La guerre froide n’a pas seulement dominé les relations internationales, elle a eu aussi de profondes répercussions sur la vie intérieure des États. Le prestige des deux camps s’est joué sur le terrain des sciences, de la culture et du sport, où ils se sont également affrontés.
La science mobilisée
La Seconde Guerre mondiale avait favorisé des innovations majeures (radar, propulsion à réaction, antibiotiques et arme atomique) ; les deux Grands ne pouvaient manquer d’enrôler les scientifiques au service de leur cause.
La rivalité est vive en matière nucléaire depuis que les Russes, en 1949, sont parvenus à maîtriser l’arme atomique. Dans ce domaine, des scientifiques qui sont à l’origine d’avancées majeures, mais qui ont pris conscience du danger potentiel de leurs inventions, subissent parfois des sanctions de la part de leurs dirigeants : Julius Robert Oppenheimer, père de la bombe A (ou bombe atomique) américaine, se voit retirer toutes responsabilités dans le domaine nucléaire pour son refus de participer à la réalisation de la bombe H (ou bombe à hydrogène) ; en France, Frédéric Joliot-Curie est révoqué en 1950 de ses fonctions au Commissariat à l’énergie atomique pour ses idées communistes ; Andreï Sakharov, concepteur de la bombe H soviétique, est interné pour dissidence.
La plupart de ces scientifiques sont écartés en raison de simples soupçons sur leurs affinités politiques passées ou présentes. Mais la réalité de l’espionnage et la puissance des réseaux d’agents infiltrés dans le monde entier par le KGB comme par la CIA ne font aucun doute. La guerre froide est l’âge d’or des services de renseignement.
Dans le domaine spatial, l’avance soviétique, dans les années 1950, se traduit par le lancement du premier satellite artificiel, Spoutnik, en 1957, puis par l’envoi du premier homme dans l’espace, Iouri Gagarine, en 1961. Les Américains répliquent avec le programme Apollo, qui aboutit à l’envoi du premier homme sur la Lune en 1969. À partir des années 1980, les deux camps font jeu égal : navette Columbia en 1981, station orbitale Mir en 1982.
Les arts sous influence
Le domaine artistique est un des vecteurs privilégiés de la propagande, dans l’affrontement planétaire auquel se livrent Russes et Américains. Alors que le principe du réalisme socialiste (l’artiste doit montrer la réalité de la vie et contribuer à l’éducation des travailleurs), défendu par Jdanov, prévaut dans le camp communiste, nombre d’artistes de l’Ouest sont, à un moment ou à un autre, « compagnons de route » du Parti communiste : par exemple, en France, Pablo Picasso ou Louis Aragon.
Le cinéma, en particulier aux États-Unis, n’est pas épargné par cette guerre idéologique. Les studios hollywoodiens sont la cible, à partir de 1950, des attaques virulentes du sénateur Joseph McCarthy. Celui-ci, nommé à la tête de la Commission des activités antiaméricaines, se lance dans une frénétique « chasse aux sorcières », qui consiste à traquer les éventuels communistes infiltrés à Hollywood ou dans les milieux gouvernementaux et militaires. Un climat de suspicion et de délation se répand alors dans tout le pays, entraînant l’exil de cinéastes talentueux comme Charlie Chaplin ou Joseph Losey.
Les obsessions de la guerre froide – espionnage, plans d’invasion, armes de terreur – inspirent largement les romans d’espionnage (ceux de John Le Carré par exemple), la bande dessinée (les aventures de Blake et Mortimer) et le cinéma (JamesBond 007contredocteur No sort en 1962). De rares artistes échappent à la logique des blocs caractéristique de l’époque, tel le réalisateur Stanley Kubrick, dont le film Docteur Folamour est une satire féroce du militarisme nucléaire.
Le sport, un enjeu de la guerre froide
Moyen d’expression de la fierté nationale, le sport est un enjeu[...]
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Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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