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GUERRE FROIDE

Les alliances en question

L'interdiction des essais nucléaires

Cet affrontement direct des États-Unis et de l'URSS, le seul qui se soit produit entre eux, a introduit dans la guerre froide une sorte d'armistice. Ayant frôlé la guerre nucléaire, les deux parties en ont tiré la conclusion qu'il leur fallait tout faire pour éviter de se trouver placées de nouveau au bord du gouffre. L'assassinat de Kennedy (nov. 1963) et la destitution de Khrouchtchev (oct. 1964) n'ont pas changé ces dispositions qui ont conduit à l'établissement entre Washington et Moscou du fameux « téléphone rouge ». Non seulement on n'a plus entendu parler de crise à Berlin, mais les États-Unis et l'URSS ont successivement conclu divers traités interdisant l'un la plupart des essais nucléaires, l'autre la dissémination des armes nucléaires, un autre encore réservant l'espace aux usages pacifiques.

Malgré son peu d'effet pratique, le premier de ces traités a marqué un véritable tournant dans les relations Est-Ouest, en faisant apparaître la profondeur des failles existant dans les « blocs » de la guerre froide. Pour la première fois depuis vingt ans, les leaders des deux camps passaient outre, pour s'entendre, à l'opposition d'un de leurs principaux alliés : dans un cas la France, dans l'autre la Chine.

Le général de Gaulle, de plus en plus, faisait bande à part. Faute d'avoir pu obtenir la création d'une organisation occidentale où la France aurait été l'égale des États-Unis et de la Grande-Bretagne, il avait décidé de réduire progressivement sa participation à l'Organisation du traité de l' Atlantique Nord ( OTAN). Il entendait de toute façon rendre au pays sa pleine souveraineté, ce qui impliquait qu'il dispose rapidement et librement de l'arme nucléaire. Il avait exprimé sa conviction qu'un jour viendrait où disparaîtraient les « blocs » de la guerre froide. Dans ces conditions, il était impensable qu'il adhérât à un traité de nature à consacrer la « double hégémonie » soviéto-américaine.

Guerre des Six Jours - crédits : Terry Fincher/ Hulton Archive/ Getty Images

Guerre des Six Jours

Par la suite, il prendra de plus en plus de champ avec la politique des États-Unis, retirant la France de l'OTAN, critiquant la guerre du Vietnam, esquissant un rapprochement général avec Moscou, où il se rendra en juin 1966, condamnant Israël pour la « guerre des Six Jours », cherchant enfin à « casser » la suprématie du dollar. La révolte de mai 1968, en mettant son prestige à l'épreuve, l'invasion de la Tchécoslovaquie, en montrant les limites de la politique de « l'Atlantique à l'Oural » qu'il préconisait, devaient porter à ses ambitions un coup dont elles ne se sont pas relevées. La visite du président Richard Nixon à Paris, en mars 1969, sera l'occasion d'une réconciliation que l'élection de Georges Pompidou à la présidence de la République, quelques semaines plus tard, confirmera, et qui ne sera jamais sérieusement mise en cause par la suite, même lorsqu'en 1981 un gouvernement socialiste à participation communiste s'installe à l'hôtel Matignon.

La rupture sino-soviétique

Les relations entre Pékin et Moscou ont mis vingt ans de plus à se détendre. Il n'est pas impossible que l'installation des fusées à Cuba ait eu pour objet de démontrer la supériorité des méthodes soviétiques. Mais son échec ne pouvait que relancer la polémique. Il est significatif, de ce point de vue, que la conclusion du traité sur les essais nucléaires ait coïncidé avec la première dénonciation publique par le Kremlin de l'hérésie chinoise. Malgré une tentative de l'URSS pour reprendre le contact, après la chute de Khrouchtchev, la controverse s'est développée entre les deux grands du socialisme, allant jusqu'à provoquer, en 1969, de graves incidents armés et à conduire, à partir de 1971, à la normalisation[...]

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Navire américain pendant la guerre de Corée - crédits : Central Press/ Archive Photos/ Getty Images

Navire américain pendant la guerre de Corée

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