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GUERRE MONDIALE (PREMIÈRE)

La faillite des stratèges

Le « miracle » de la Marne

L'Allemagne ne croyait pas à l'intervention de l'Angleterre dans le conflit : la surprise allait être désagréable. Les Alliés pensaient que la Russie retiendrait les troupes allemandes à l'est. Mais la lenteur de la mobilisation russe et la rapidité du plan Schlieffen des Allemands menacèrent, dès les premiers jours de la guerre, l'armée française d'un gigantesque encerclement. La guerre risquait d'être courte, mais désastreuse pour la France.

1914 : la guerre de mouvement - crédits : Encyclopædia Universalis France

1914 : la guerre de mouvement

Surtout, les soldats français, en Lorraine comme à Charleroi, à l'offensive comme à la défensive, se montrèrent moins bons manœuvriers que leurs adversaires et ne subirent que des échecs. « La chance de la France, a-t-on écrit, fut qu'ayant mal engagé l'épée, Joffre sut ne pas perdre l'équilibre. » Ces graves revers étaient inattendus. Le succès de la retraite fut une autre surprise. Avançant au-delà de la Somme, von Kluck et von Bülow n'avaient pas réussi à envelopper l'aile gauche des armées franco-anglaises ; Gallieni invita alors Joffre et French à tenter un coup d'arrêt par une percée sur la Marne. Joffre avait réussi à ramener assez d'effectifs devant Paris pour que l'entreprise aboutît : un vrai miracle qu'expliquent en partie l'incompétence du généralissime allemand von Moltke, les zizanies au sein de son haut commandement, la détermination tranquille de Joffre. Il est vrai que, contre toute prévision, les plans allemands avaient été bouleversés par une offensive inopinée des Russes, qui, pour respecter une des clauses secrètes des accords militaires conclus avec la France, avaient attaqué en Prusse au quinzième jour, alors que la mobilisation et la concentration de leurs forces s'étalaient sur 36 jours. Cette offensive effectuée sans l'appui des réserves surprit les Allemands à Gumbinnen, les obligeant à ramener en hâte quelques troupes du front occidental. Ces opérations, tout comme la présence d'un fort contingent anglais à l'aile gauche des troupes françaises contribuèrent également à l'échec du plan Schlieffen.

John French - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

John French

Première Guerre, fronts européens en 1914 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Première Guerre, fronts européens en 1914

La course à la mer

Au lendemain de la Marne, forces allemandes et armées franco-anglaises essayaient vainement de s'envelopper par un mouvement d'ensemble connu sous le nom de course à la mer. Elles finissaient par s'immobiliser au lendemain de la très sanglante bataille des Flandres (nov. 1914). À l'est, les généraux Hindenburg et Ludendorff parvenaient à encercler les armées russes aventurées à Tannenberg. Ils allaient y rafler plusieurs centaines de milliers de prisonniers, donnant ainsi naissance au mythe de Hindenburg, sauveur de la patrie. En vérité, les forces russes étaient loin d'être vaincues, et, selon le généralissime Falkenhayn, qui remplaça Moltke, elles furent toujours plus dangereuses pour les puissances centrales que ne le furent les forces conjuguées des Anglais, des Français et des Belges. En fait, les Russes portèrent surtout l'effort contre les Autrichiens, les moins bien équipés des soldats de la Grande Guerre ; en outre, les maladresses de leur commandement avaient fait échouer l'offensive « punitive » organisée contre la Serbie. Cet échec accrut encore le lien de vassalité de la double monarchie vis-à-vis de l'Allemagne, toujours présente sur tous les fronts, et prête à se porter au secours de son allié menacé.

Première Guerre mondiale, front français de 1914 à 1917 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Première Guerre mondiale, front français de 1914 à 1917

Hindenburg et Ludendorff - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Hindenburg et Ludendorff

À la fin de l'année 1914, l'entrée des Turcs dans la guerre aux côtés de l'Allemagne, celle des Japonais dans le camp des Alliés, la fixation des fronts à l'ouest comme à l'est donnèrent au conflit un tour complètement inattendu.

Dilemme stratégique

Après la stabilisation des fronts, les Allemands reprirent l'initiative, cette fois en attaquant à l'est. Les opérations évoluèrent de la[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire, docteur ès lettres, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, codirecteur des Annales

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Médias

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig - crédits : Encyclopædia Universalis France

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig

Nicolas II inspecte les troupes - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Royals Collection/ Getty Images

Nicolas II inspecte les troupes

Épinal : imagerie d'Épinal, « Poupées à habiller : costumes des Alliés de la Grande Guerre » - crédits : J.-P. Verney/ AKG-images

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