Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RELIGION GUERRES DE

La guerre de Trente Ans (1618-1648)

Comme Henri II, Richelieu, malgré la mauvaise humeur du parti dévot, aida de plus en plus nettement les protestants étrangers en lutte contre les Habsbourg, au point de faire intervenir directement la France en 1635 dans la guerre de Trente Ans (1618-1648). L'incendie se propagea à partir de trois foyers : les Provinces-Unies que l'Espagne désirait reconquérir ; l'Allemagne où, en 1608, s'était constituée une Union évangélique contre laquelle se forma dès l'année suivante une Ligue catholique soutenue par l'Espagne ; le royaume de Bohême, qui avait largement abandonné la confession romaine et où Rodolphe de Habsbourg avait dû accepter en 1609, par les lettres de majesté, le libre exercice des divers cultes protestants. C'est par ce dernier pays que la conflagration commença. Ferdinand II, prince gagné à la Contre-Réforme, qui devint roi de Bohême en 1617, puis empereur en 1619, n'attendait qu'une occasion pour retirer les lettres de majesté. La défenestration de Prague (23 mai 1618), la révolte tchèque et la bataille de la Montagne Blanche (8 nov. 1620) permirent au souverain vainqueur de lancer une action méthodique contre les hérétiques du royaume : vingt-sept dirigeants de l'insurrection furent exécutés ; cinq cents domaines seigneuriaux furent confisqués en Bohême et cent trente-huit en Moravie. La Constitution de 1627 déclara qu'il n'y aurait dans le royaume qu'une seule religion admise : celle de Rome. Un décret ordonna à tous les nobles de se convertir ou de quitter le pays dans les six mois.

Après la défaite des insurgés tchèques et de leurs alliés protestants à la Montagne Blanche, la Réforme parut d'autant plus menacée en Allemagne même que le catholicisme avait réussi à évincer l'hérésie de la Bavière et de l'Autriche. L'Électeur palatin Frédéric V, qui, le temps d'un hiver, avait été roi de Bohême, fut chassé de son électorat, donné à Maximilien de Bavière. Le Wallon Tilly, général de Ferdinand II, battit un à un les princes réformés allemands désunis. En 1626, les Impériaux furent vainqueurs et de Mansfeld, le principal général protestant, et de Christian IV de Danemark, qui était intervenu dans la lutte. En mars 1629, Ferdinand II, par l' édit de Restitution, annula toutes les sécularisations intervenues dans l'Empire depuis 1555 : deux archevêchés (Magdebourg et Brême), douze évêchés, plus de cent vingt abbayes devaient être rendus à l'Église romaine par les protestants. Le roi de Danemark, par la paix de Lübeck (1629), accepta l'édit.

Gustave II Adolphe de Suède - crédits : Fine Art Images /Heritage Images/ Getty Images

Gustave II Adolphe de Suède

L'entrée en scène de Gustave-Adolphe marqua la fin des grands succès de Ferdinand II, malgré le sac impitoyable de Magdebourg par Tilly (1631). Fort d'une armée de quarante mille soldats, aidé financièrement par la France et les Provinces-Unies, allié aux Électeurs de Saxe et de Brandebourg, le roi de Suède bouleversa en un an la situation en Allemagne. Ferdinand II essaya de lui opposer le condottiere tchèque Wallenstein. Les troupes de celui-ci furent battues à Lützen (nov. 1632). Il est vrai que Gustave-Adolphe périt dans la bataille. Mais Richelieu veillait. Il prit à sa solde l'armée de Bernard de Saxe-Weimar, qui avait été le principal lieutenant du roi de Suède. Grâce à cette armée, Frédéric V put revenir dans le Palatinat rhénan. Toutefois, en septembre 1634, les Suédois furent écrasés à Nordlingen et Bernard de Saxe-Weimar grièvement blessé. Brandebourg et Saxe négociaient la paix. C'est la France qui, en entrant ouvertement dans la guerre de Trente Ans, sauva la Réforme en Allemagne. La paix de Prague (mai 1635), à laquelle se rallièrent la plupart des princes allemands, marqua les bornes que la Contre-Réforme ne devait pas dépasser dans l'Empire. La liberté religieuse ne fut pas rétablie[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut

Classification

Médias

Saint-Barthélemy, 24 août 1572 - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Age Fotostock

Saint-Barthélemy, 24 août 1572

Gustave II Adolphe de Suède - crédits : Fine Art Images /Heritage Images/ Getty Images

Gustave II Adolphe de Suède

Autres références

  • EUROPE : GUERRES DE RELIGION - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 356 mots

    1531 Création de la Ligue de Smalkalde, union défensive des États protestants de l'Empire. Défaite de Zwingli et des troupes zurichoises à Cappel face aux catholiques ; les cantons suisses catholiques et protestants signent une « paix nationale ».

    1547 Défaite protestante à Mühlberg...

  • GUERRES DE RELIGION EN FRANCE, en bref

    • Écrit par
    • 220 mots
    • 1 média

    L'essor du calvinisme durant le règne de Henri II aboutit à une crise pour la monarchie, dès lors qu'une large part de la noblesse rejoint le camp réformé et que la politique d'apaisement et de compromis religieux menée par la reine mère Catherine de Médicis et le chancelier...

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne du XVIe et du XVIIe s.

    • Écrit par
    • 6 506 mots
    • 7 médias
    La révolte de Bohême de 1618 peut être considérée comme le début de la guerre de Trente Ans. Mais il ne s'agit encore que de querelles entre États et princes. Le 23 mai 1618, les représentants de l'Empereur sont défenestrés à Prague, et l'aristocratie protestante se révolte contre la domination catholique....
  • AMBOISE CONJURATION D' (1560)

    • Écrit par
    • 530 mots

    Les protestants français ont accueilli avec soulagement la mort d'Henri II en 1559. Mais les Guise conservent la suprématie politique, et la situation ne s'améliore pas, comme le prouvent l'exécution du conseiller Anne Du Bourg en 1559 et, la même année, la déclaration de Villers-Cotterêts. Or...

  • ARRAS UNION D' (1579)

    • Écrit par
    • 281 mots

    Au cours de la révolte qui, au xvie siècle, les dressa contre la domination espagnole, les Pays-Bas s'étaient unis, en 1576, par la pacification de Gand qui établissait principalement une trêve religieuse entre les provinces du Nord, calvinistes, et les provinces méridionales, catholiques....

  • BELGIQUE - Histoire

    • Écrit par
    • 20 670 mots
    • 16 médias
    Pour faire face à l'Inquisition et à la politique centralisatrice, la petite noblesse constitua le Compromis des nobles, une sorte de conjuration, et en avril 1566, deux cents de ses membres présentèrent à la régente une pétition demandant l'adoucissement des placards. Le conseiller Berlaymont rassura...
  • Afficher les 39 références