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GUICHARDIN FRANÇOIS (1483-1540), ital. GUICCIARDINI FRANCESCO

Homme politique, diplomate et historien florentin. Après avoir accompli des études juridiques dans diverses universités d'Italie du Nord, François Guichardin embrasse la carrière d'avocat. Ses relations avec de puissantes familles lui valent d'être nommé en 1511 ambassadeur de la République florentine auprès de Ferdinand d'Espagne ; il occupera ce poste jusqu'en 1514. Cette expérience est décisive dans la mesure où Guichardin s'initie à toutes les subtilités, à tous les imprévus de la diplomatie, où il se forme une doctrine politique complètement dégagée d'idéologies abstraites et qui vise avant tout à l'action. Plus tard, en 1516, il entre au service du pape Léon X, qui le nomme gouverneur de Modène. Il s'applique à assainir l'administration et à rétablir l'ordre dans sa province, jusqu'à ce que les événements (la guerre entre Charles Quint et le pape) l'obligent à organiser la défense militaire de Parme. Adversaire acharné du parti des impériaux, il consacre tous ses efforts à la constitution d'une alliance entre les États italiens et le royaume de France. Le sac de Rome en 1527 met fin à tous ses espoirs. À Florence, Guichardin, bien connu pour ses opinions antidémocratiques, est violemment critiqué et se voit contraint de quitter la ville. Il n'y revient qu'à la chute de la République, espérant pouvoir fonder un parti aristocratique de « sages » et de « prudents » dévoués à la cause des Médicis. C'est de nouveau l'échec, dû cette fois aux réticences du pape Clément VII, qui nomme Guichardin gouverneur de Bologne. À partir de 1537, celui-ci se retire de la vie politique pour se consacrer à la rédaction d'une Storia d'Italia. Doué d'une intuition politique pénétrante, ne croyant qu'à la leçon de l'expérience et se défiant des exemples livresques offerts par l'histoire ancienne, Guichardin, contrairement à Alberti ou à Machiavel, dont les options sont pourtant proches des siennes, exprime rarement sa foi en un monde politique idéal et se montre bien peu confiant en la force créatrice de l'homme. C'est en analyste détaché, sur un ton souvent désenchanté, qu'il étudie le champ complexe des forces et des intérêts politiques en jeu. Les Storie fiorentine, écrites en 1509, puis surtout le Dialogo del reggimento di Firenze, composé entre 1521 et 1525, témoignent tous deux d'une aspiration à un type de gouvernement aristocratique collégial sur le modèle vénitien, composé de cent cinquante sénateurs « sages » et « prudents », avec un organe exécutif de dix sénateurs élus pour six mois. La Storia d'Italia, publiée pour la première fois en 1561, bien qu'elle ne prenne pas en considération la vie économique et sociale de la Péninsule, constitue une source irremplaçable d'information sur la vie politique de la Renaissance italienne par la précision de sa méthode et la subtilité des jugements qu'elle exprime.

— Marc LE CANNU

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    L'historien florentin Guichardin, auteur de l'Histoire d'Italie écrite entre 1537 et 1540, traduite en latin en 1587 par son neveu Louis Guichardin, puis popularisée en français, notamment par les Maximes populaires de François Guicciardini, Gentilhomme florentin, traduites nouvellement...