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BRIÇONNET GUILLAUME (1472 env.-1534)

Ecclésiastique qui se trouva jouer un rôle important dans les questions religieuses du début du xvie siècle (les relations entre le pouvoir royal et la papauté, les querelles autour de l'humanisme et de la Réforme), Guillaume Briçonnet, évêque de Lodève en 1504, abbé de Saint-Germain-des-Prés en 1507, est chargé d'une mission diplomatique auprès du pape Jules II en 1507 ; il s'agissait, semble-t-il, de défendre Louis XII des accusations portées contre lui. Briçonnet prononce un discours retentissant, devant le Sacré Collège, affirmant la fidélité de la France et du roi, et repoussant les thèses qui étaient soutenues par la faction germanique.

Évêque de Meaux, en 1516, où se constituera avec lui et autour de Lefèvre d'Étaples le groupe d'exégètes et théologiens humanistes dit « Cénacle de Meaux », il est chargé par François Ier d'une nouvelle mission à Rome, semble-t-il pour négocier avec la papauté les modalités d'application du concordat. Il apparaît en ce domaine comme un médiateur privilégié entre les thèses gallicanes, d'une part, et l'allégeance entière à Rome, d'autre part. On retrouve cette position moyenne dans les conflits intérieurs : directeur spirituel de Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, il tente de dégager la pratique religieuse de sa fidélité minutieuse à la lettre et aux gloses, pour lui restituer une dimension plus librement spirituelle, souvent teintée d'un mysticisme personnel dont on retrouve trace dans les poèmes de Marguerite d'Angoulême, reine de Navarre.

Dans un souci d'évangélisation, il diffuse la traduction française de la Bible, à laquelle son ami Lefèvre d'Étaples travaillait. Ce simple fait le rend suspect aux autorités ecclésiastiques, et notamment à la Sorbonne. Les thèses luthériennes de 1517 provoquent un mouvement de lutte contre l'hérésie, les écrits de Lefèvre sont condamnés, la traduction de la Bible est brûlée. Briçonnet interdit dans son diocèse les textes de Luther, mais il protège autant qu'il le peut les évangélistes. La Sorbonne, sous la direction de Béda, et les Cordeliers essaient par deux fois de le faire condamner. Grâce à la protection de la reine Marguerite, il parvient à échapper au sort de Berquin (condamné au bûcher) ou à celui de Lefèvre (exilé). Tout en maintenant sa position évangéliste, il peut rester à Meaux jusqu'à sa mort. Ses lettres à Marguerite témoignent d'une grande élévation.

— Jean-Yves POUILLOUX

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, agrégé des lettres classiques, maître de conférences en littérature française à l'université de Paris-VII

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