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DUFAY GUILLAUME (1400 env.-1474)

Les motets

Si les messes constituent la partie essentielle de l'œuvre religieuse de Dufay, les motets occupent une place privilégiée, quoiqu'il soit difficile de leur assigner un rôle liturgique, voire une signification sacrée. En effet, nombre de ces motets sont des pièces de circonstance, composées à l'occasion de tel ou tel événement du siècle ; les éléments profanes et religieux s'y mêlent, ce qui est conforme à la tradition médiévale. Au reste, la forme généralement utilisée, celle du motet isorythmique, est héritée du xive siècle. Dufay se montre ici respectueux d'une forme archaïque qu'il a eu le mérite de porter à son point de perfection.

On peut donc distinguer deux sortes de motets chez Dufay : le motet isorythmique et le motet-cantilène, selon la terminologie proposée par Jacques Handschin. Dans la première catégorie se rangent les grandes fresques historiques mentionnées dans la partie biographique de cette étude : les motets en l'honneur de saint André, de saint Antoine, de saint Jacques, de saint Jean l'Évangéliste, de saint Nicolas, de saint Sébastien ; le motet à la gloire de la ville de Florence (Salve flos Tusce gentis / Vos nunc Etrusce jubar, probablement contemporain du Nuper rosarum composé pour la consécration de la cathédrale) ; le motet Balsamus et munda cera / Isti sunt agni novelli se rapportant à la bénédiction et distribution de médailles dites agnus-Dei par chaque nouveau pape, l'année de son avènement.

Le motet-cantilène, ainsi nommé parce que la mélodie du superius est prépondérante, s'apparente à la chanson profane. Presque tous les motets de ce type sont à trois voix ; la plupart sont dédiés à la Vierge Marie ; ce sont des antiennes mariales, tel l'Alma Redemptoris Mater, paraphrase d'un thème emprunté au plain-chant ; d'autres sont moins directement rattachés à la liturgie, comme Ave virgo ou Flos florum.

Il faut enfin mentionner l'Ave Regina à quatre voix, composé en 1464 et que Dufay souhaitait que l'on chantât à ses obsèques. Le texte « tropé » concerne directement le musicien, qui implore pour lui la miséricorde divine (« Miserere tui labentis Dufay »). Établi sur cantus firmus (l'antienne « Ave Regina »), ce motet préfigure, tant par le style que par le matériel thématique utilisé, l'ultime messe du musicien.

Dans une catégorie à part, il convient de classer les Hymnes, les Séquences, les Magnificat, plus étroitement en rapport avec la liturgie que ne le sont les motets. Les formes ici adoptées sont proches de celles de la chanson profane ; toutes ces pièces sont à trois voix ; l'accompagnement en est assez simple, souvent traité en faux-bourdon ; la partie supérieure, où se situe généralement le cantus firmus, est plus ou moins ornée. « Dufay respecte la mélodie liturgique, dit André Pirro, assez pour la laisser reconnaissable, tandis que l'effusion musicale de sa piété l'entraînerait à embellir outre mesure le sujet. »

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Guillaume Dufay et Gilles Binchois - crédits : AKG-images

Guillaume Dufay et Gilles Binchois

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