ROUELLE GUILLAUME-FRANÇOIS, dit ROUELLE L'AÎNÉ (1703-1770)
Guillaume-François Rouelle (dit l’Aîné, pour le distinguer de son cadet Hilaire-Marin, également chimiste) est un apothicaire et chimiste français né à Mathieu (près de Caen) le 15 septembre 1703, dans une famille de fermiers normands. Ses cours parisiens furent suivis tant par les chimistes de son époque que par de nombreux philosophes des Lumières.
Après avoir commencé des études de médecine à Caen, Guillaume-François Rouelle se consacre à la chimie, s’improvisant un laboratoire à Mathieu même. Il entre, en 1730, dans l'officine de Nicolas Lémery auquel vient de succéder le chimiste apothicaire allemand Johann Spitzley et, sept ans durant, y apprend la botanique, la chimie et l'histoire naturelle. C'est en 1738 qu'il s’établit à son propre compte et ouvre, dans son laboratoire de la place Maubert, à Paris, son cours public gratuit, puis payant. Il se transporte ensuite vers le Jardin royal des plantes médicinales à Paris où, entre 1742 et 1768, de nombreux élèves assistent à ses cours, parmi lesquels des étudiants et collègues, mais aussi des personnalités intellectuelles comme Denis Diderot, Antoine Lavoisier, Antoine Parmentier ou Friedrich Melchior Grimm. C’est également le cas de la plupart des chimistes ou futurs chimistes importants du siècle. Tous les commentateurs ont souligné la qualité de son enseignement, très vivant, passionné, et plus encore ses démonstrations souvent explosives sur lesquelles reposait sa didactique. Le programme des cours est annoncé par des prospectus, ainsi le Cours d'expériences chimiques (1759). Son succès est tel que l’amphithéâtre du Jardin des plantes (aujourd’hui disparu), pouvant contenir six cents personnes, n’y suffit pas. En 1742, il est nommé démonstrateur de chimie au Jardin du roi. Reçu maître apothicaire en 1750 par la Compagnie des marchands apothicaires-épiciers de Paris, il installe son laboratoire, augmenté d'une apothicairerie, rue Jacob, au coin de la rue des Deux-Anges. Inspecteur général de la pharmacie de l'Hôtel-Dieu de Paris, il crée le poste de premier apothicaire de cet établissement (1753).
L’influence de Rouelle est manifeste en philosophie : son enseignement incite ainsi Diderot à penser la chimie comme un principe transversal qui rompt avec la philosophie traditionnelle (Cours de chymie de monsieur Rouelle). Il a peu écrit – seulement quelques mémoires adressés à l’Académie royale des sciences – et une large part de ses travaux est connue par les textes émanant d’un certain nombre de témoins de ses présentations. James Hutton par exemple, géologue écossais, s’appuie sur la méthode et les cours de Rouelle lors de la présentation de sa célèbre Theory of the Earth (1785). Rouelle pensait que, dans la chimie, on ne devait admettre que ce qui tombait sous le sens, que les déplacements de matière. Il partait donc des corps naturels et il les analysait. Par exemple, il décrivait les végétaux, et il montrait les « esprits », les « huiles », les « flegmes » que l'on en tirait, suivant le degré de chaleur auquel on les soumettait. Puis il procédait à des essais sur les produits qu'il avait extraits. C'était cette somme d'expériences qui composait son cours.
Toutefois, comme tous les chimistes de son époque, Rouelle ne disposait pas d’une explication des phénomènes observés. C’est d’ailleurs cette incapacité à formuler une théorie de la chimie que lui reprochait Friedrich Melchior Grimm dans ses correspondances acerbes, en particulier avec Diderot. Ses écrits et ses expériences ont été très étudiés afin de tenter de déterminer les règles qui pouvaient les sous-tendre. Rouelle a développé les recherches de Glauber sur les sels et, surtout, le phlogistique et les associations-dissociations corpusculaires de Stahl, dont il a soutenu le système en France, un système si cohérent[...]
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LAVOISIER ANTOINE LAURENT (1743-1794)
- Écrit par Arthur BIREMBAUT
- 6 974 mots
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...Nollet, il apprit des rudiments de botanique avec Bernard de Jussieu au Jardin du roi et assista aux cours de chimie que l'apothicaire Guillaume-François Rouelle donnait en son officine de la rue Jacob. Rouelle enseignait en particulier la technique de manipulation des « airs » (le mot gaz, forgé par...