GUILLAUME Ier (1797-1888) roi de Prusse (1861-1888) et empereur d'Allemagne (1871-1888)
Second fils de Frédéric-Guillaume III et de la reine Louise, Guillaume participe aux dernières campagnes contre Napoléon. Lors des événements de 1848, il apparaît comme l'incarnation des idées réactionnaires et absolutistes. Après les journées révolutionnaires de mars 1848, il se réfugie quelque temps en Angleterre, mais c'est lui qui commande, en 1849, les troupes de répression prussiennes en Palatinat et dans le pays de Bade. Il ne succède qu'en 1861 à Frédéric-Guillaume IV ; il est cependant, dès 1858, à la suite de la maladie mentale de son frère, le véritable souverain avec le titre de régent. Sa principale préoccupation sera le renforcement de l'armée, qui doit, selon lui, échapper au contrôle parlementaire et ne dépendre que du roi. Mais la majorité libérale de la Diète refuse les crédits militaires et cause ainsi une crise constitutionnelle : il s'en faut de peu qu'il n'abdique en faveur de son fils, réputé libéral. Tous les corps constitués, noblesse, armée, haute administration, épiscopat luthérien, s'insurgent devant l'éventualité de cette reculade de la couronne devant la bourgeoisie, qui marquerait la fin du vieil État prussien militaire et aristocratique. Sous leur pression, Guillaume Ier reste sur le trône et confie la direction du gouvernement à Bismarck qui lui promet de se conduire en vassal fidèle plutôt qu'en ministre constitutionnel (septembre 1862). Bismarck doit lui forcer la main pour déclencher la guerre contre l'Autriche (1866), mais aussi, après Sadowa, pour lui faire accepter et la renonciation aux annexions de territoires autrichiens et l'expansion brutale de la Prusse au nord du Main, sans tenir compte des droits souverains des princes. En 1867, Guillaume Ier devient président de la Confédération de l'Allemagne du Nord, dont Bismarck est chancelier. Au cours de la crise de juin-juillet 1870, il est l'instrument docile de celui-ci (candidature Hohenzollern, dépêche d'Ems). Les victoires sur la France amènent les autres princes allemands à accepter qu'il soit proclamé, dans la galerie des Glaces de Versailles, « empereur allemand » (18 janvier 1871). Bismarck continue de cumuler les fonctions de chancelier impérial et de président du Conseil prussien. Guillaume Ier est quelquefois en désaccord avec lui : à propos du Kulturkampf anticatholique, dont il craint les répercussions sur l'Église protestante, ou à propos de l'alliance autrichienne, car il ne veut pas se brouiller avec le tsar. Mais le Chancelier de fer parvient toujours à faire prévaloir son point de vue.
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Écrit par
- Léon STRAUSS : agrégé de l'Université, attaché de recherche au C.N.R.S.
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