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GUILLAUME LE CONQUÉRANT (1027 env.-1087)

Le roi d'Angleterre

Toute sa propagande est fondée sur l'idée de légitimité ; c'est pourquoi il ne confisque d'abord que les biens des Saxons, peu nombreux, qui ont porté les armes contre lui et qu'il considère comme traîtres et rebelles. En février 1067, Guillaume, triomphant, peut retourner en Normandie en laissant l'administration du royaume à son sénéchal, Guillaume Fils-Osbern, et à son demi-frère, Eudes, évêque de Bayeux.

Ceux-ci ne gouvernaient que la partie de l'Angleterre dont Guillaume était maître, c'est-à-dire le sud et l'ouest ; en effet, les Midlands et toute la région orientale et septentrionale semblaient peu loyaux au nouveau souverain. En outre, pesait sur le royaume la perpétuelle menace d'une invasion scandinave. À ces dangers s'en ajoutait un autre : parmi ses compagnons auxquels il avait distribué d'importantes dotations en terres, Guillaume comptait peu de vassaux normands sur qui son autorité était forte. Il fut bientôt rappelé en Angleterre par une révolte inspirée par Eustache de Boulogne, richement pourvu en Angleterre, dont il confisqua les fiefs. À ce moment, son prestige est tel que ce sont des Saxons qui l'aident et qui repoussent l'invasion de trois fils de Harold qui tentaient de recouvrer le trône.

En 1068, la révolte de deux seigneurs saxons, les comtes Edwin et Morcar, est réprimée, et cette campagne donne à Guillaume l'occasion d'entrer à York et de soumettre les comtés du Nord. Il adopte une ligne politique fondée sur la clémence et traite volontiers avec les rebelles vaincus, en leur laissant leurs charges ; il tient le pays en respect en le couvrant de châteaux à la mode normande ; enfin, il emploie surtout dans ses armées des mercenaires, saxons aussi bien que normands.

Cependant, cette politique tolérante est rapidement modifiée sous la pression des circonstances. Dès 1069, le pays au nord du Humber se soulève : le comte Copsi, puis Robert de Commines périssent sous les coups des rebelles. En même temps, on voit reparaître Edgar l'Atheling, soutenu par les Écossais ; les chefs gallois passent la frontière ; des seigneurs anglais des Marches font défection. La Mercie se révolte. Le comte saxon Waltheof, à qui Guillaume avait prodigué ses faveurs, attaque York. Enfin, une flotte danoise s'approche pour prêter main-forte aux insurgés. Guillaume rétablit la situation en faisant appel à des Normands, en utilisant les ressources de l'Angleterre méridionale, en s'appuyant sur les châteaux et en réprimant la sédition avec brutalité. Pour frapper de terreur les rebelles, il dévaste systématiquement une partie du Yorkshire où des populations entières périssent de faim et de froid. Ces méthodes cruelles assurent sa domination : en 1072, il peut en toute sécurité licencier ses mercenaires ; il a partie gagnée.

En 1075, une nouvelle conjuration de grands barons normands et bretons, Raoul de Gaël et Roger de Hereford, celui-ci fils du fidèle Guillaume Fils-Osbern, est vaincue par Eudes de Bayeux. Le comte saxon Waltheof, qui n'avait pas pris part à ce complot, mais l'avait connu et ne l'avait pas dénoncé, est décapité. Guillaume, on le voit, au cours de la période 1070-1076, a changé de politique. C'est alors que naît l'Angleterre médiévale. Les sheriffs qui administrent les comtés pour le roi sont des barons normands. Bien plus, Guillaume évince la plupart des prélats saxons et les remplace par des Normands : le siège primatial de Canterbury a été enlevé à Stigand et confié à Lanfranc, un Italien, depuis longtemps moine puis abbé au Bec-Hellouin, et l'un des principaux artisans de la réforme religieuse en Normandie. Pour les barons, le roi s'attache à former de grands groupes de fiefs, les honneurs, jamais d'un seul tenant, mais comprenant des terres dans diverses[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Poitiers

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Médias

Guillaume le Conquérant - crédits : VCG Wilson/ Corbis/ Getty Images

Guillaume le Conquérant

1000 à 1100. Seldjoukides - crédits : Encyclopædia Universalis France

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