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RAYNAL GUILLAUME (1713-1796)

Auteur d'ouvrages à prétentions historiques ou philosophiques, habitué des salons littéraires du xviiie siècle, Guillaume Raynal, né à Saint-Geniez (Aveyron), fut élève des jésuites à Rodez et entra lui-même dans la Compagnie de Jésus. Il fut d'abord professeur de collège à Pézenas, à Clermont et à Toulouse. En 1747, il quitta les Jésuites pour venir dans la capitale où, abandonnant peu après l'état sacerdotal, il se lança dans les milieux littéraires et mena une existence instable.

Il fréquente le salon de Mme Helvétius et prend le goût de l'époque en déclamant sur la liberté. Ses premiers ouvrages, tels que l'Histoire du stathoudérat (La Haye, 1748), l'Histoire du Parlement d'Angleterre (Londres, 1748-1751), les Anecdotes littéraires et les Anecdotes historiques, militaires et politiques de l'Europe (de 1750 à 1763), ne sont que des compilations médiocres. Les Mémoires politiques de l'Europe (1754-1774), une refonte de certaines parties des publications antérieures, ne valent guère mieux. Cependant, à plus de cinquante ans, il devient brusquement célèbre (ses contemporains l'ont même comparé à Voltaire et à Rousseau) grâce à son Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, publiée en 1770 et rééditée plusieurs fois jusqu'en 1780 avec des adjonctions. Il s'agit d'un de ces « voyages philosophiques » vers des peuples simples, genre à la mode qui permettait la recherche d'une « loi de nature », la louange des « principes naturels ». En fait, malgré quelques parties intéressantes, c'est une histoire insuffisamment documentée, une œuvre partiale rédigée dans un style souvent pompeux. D'ailleurs, plusieurs passages sont dus à la collaboration de Diderot ou du baron d'Holbach et consacrés à des déclamations contre la religion et le despotisme. Le livre est condamné en 1781 et l'auteur se réfugie à Spa, puis à Berlin, où il est mal reçu par Frédéric II, et à Saint-Pétersbourg auprès de Catherine II. Revenu en France en 1787, il déplore très vite les excès de la Révolution dans une Lettre à l'Assemblée nationale du 31 mai 1791. Il doit se cacher aux environs de Paris pendant la Terreur et meurt peu après à quatre-vingt-trois ans.

— Pierre DUPARC

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