GUINÉE ÉQUATORIALE
Nom officiel | République de Guinée équatoriale (GQ) |
Chef de l'État | Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (depuis le 3 août 1979, élu le 12 octobre 1982) |
Chef du gouvernement | Manuela Roka Botey (depuis le 1er février 2023) |
Capitale | Malabo |
Langues officielles | Espagnol, français |
Unité monétaire | Franc CFA |
Population (estim.) |
1 669 000 (2024) |
Superficie |
28 052 km²
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Une population maltraitée
Pour quatre raisons, la population a longtemps peu augmenté : l'expulsion des Européens (plus de 7 000 en 1960) et le départ de plusieurs dizaines de milliers de Nigérians et de Camerounais ; le massacre d'un nombre inconnu d'Équato-Guinéens, mais qui ne peut être inférieur à plusieurs milliers ; une surmortalité due à l'effondrement des services sanitaires et à la famine ; et, surtout, le départ en exil de plus de 100 000 Équato-Guinéens (au Gabon et au Cameroun, mais aussi en Espagne). On ne doit donc pas s'étonner que la population ait été estimée en 1983 à 300 000 âmes, alors que le dernier recensement sérieux (1965) donnait déjà une population de 246 941 habitants (population de droit, sans les travailleurs migrants), soit 43 753 à Bioko (alors Fernando Póo), dont 2 015 à Annobón, et 200 106 au Río Muni, plus les travailleurs. Le retour en 1979 de la paix civile, si imparfaite soit-elle, a permis un renouveau démographique : la population globale est estimée, au début du xxie siècle, à 515 000 habitants, dont 260 000 à Bioko, 5 000 à Annobón et 250 000 dans le Rio Muni. Pour autant, les conditions de vie sont difficiles et précaires : en 2005, l'espérance de vie ne s'élevait qu'à 43 ans, la mortalité infantile restait forte à 98 p. 1000 ; en 2003, 43 p. 100 seulement de la population bénéficiait de l'eau potable et, sur la période 1996-2003, le taux de scolarisation n'était que de 61 p. 100.
La population est essentiellement fang (pamue en espagnol). Ce sont des Bantous réapparus au Río Muni au xixe siècle. Linguistiquement, on distingue les Fang Ntumu, au nord du río Mbini, et les Fang Okak, au sud. Ils sont divisés en clans qui se combattirent fort longtemps et dont l'un, le clan des Esangui, monopolisa le pouvoir sous Macías et reste prédominant sous son successeur. Les Fang constituent probablement de 80 à 90 p. 100 de la population du Río Muni. Ce sont des chasseurs et des cultivateurs qui, bien que théoriquement catholiques, restent attachés à leurs croyances et aux cultes nés en réaction contre le colonialisme. Il est certain qu'ils constituent l'élément moteur de la population tant sur place qu'en exil. Les peuples côtiers du Río Muni (Kombe, Balengue, Bujeba) ont été sauvés in extremis du rouleau compresseur fang par les missionnaires, mais ils ont beaucoup souffert des persécutions de Macías, déjà peu tendre à l'égard des Fang non esangui.
Dans l'île de Bioko, le fond de la population est bubi, mais il a été dépassé en nombre par les arrivées massives de Fang dans l'île, qui ont colonisé, de gré (la fonction publique, l'armée) ou de force (le prolétariat des plantations), la grande île. Petits cultivateurs ayant aliéné l'essentiel de leurs droits fonciers au profit des Espagnols, les Bubi étaient hostiles à l'union de leur île, riche, avec un Río Muni pauvre. On en dira autant des Fernandinos, aux origines complexes (esclaves libérés par les Britanniques, métis divers), qui représentaient dans l'île, au xixe siècle, l'élément allogène mais actif. Ayant en grande partie renoncé à leur culture britannique et à leur rôle de bourgeoisie africaine au temps des Espagnols, ils ont été persécutés par Macías en tant qu'élite virtuellement dangereuse.
Par suite du rapatriement des Nigérians (plus nombreux que les Équato-Guinéens à Bioko avant l'indépendance), l'île s'est « renationalisée » autour d'une langue commune, l'espagnol. Le pidgin English reste néanmoins couramment utilisé à Bioko. Depuis 1998, le français est langue officielle, au même titre que l'espagnol.
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Écrit par
- René PELISSIER : docteur d'État ès lettres
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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MACÍAS NGUEMA FRANCISCO (1924-1979)
- Écrit par René PELISSIER
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« L'unique miracle que la Guinée équatoriale ait produit », selon les propres termes du dictateur qui avait donné cette modeste définition de sa personne, a terminé sa macabre carrière sous les balles d'un peloton d'exécution, le 29 septembre 1979, après avoir été renversé par son neveu, bras...
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MALABO
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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Capitale de la Guinée équatoriale, Malabo se situe sur la côte nord de l'île de Bioko (anc. Fernando Póo) au bord d'un volcan submergé.
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