GUINÉE
Nom officiel | République de Guinée (GN) |
Chef de l'État | Mamady Doumbouya (par intérim depuis le 5 septembre 2021) |
Chef du gouvernement | Bah Oury (par intérim depuis le 29 février 2024) |
Capitale | Conakry |
Langue officielle | Français |
Unité monétaire | Franc guinéen (GNF) |
Population (estim.) |
13 990 000 (2024) |
Superficie |
245 857 km²
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Histoire
Des peuples divers
On peut faire remonter l'histoire des peuples de Guinée jusqu'au ixe, voire au viie siècle avec les Baga, les Nalou et les Landouman. Premiers autochtones ? Vinrent cohabiter avec eux, au xie siècle sans doute, les Jalonké, d'origine mande. Leur nom devint celui d'une région de Guinée, le Fouta-Djalon. Cette partie du pays connut de nombreuses migrations au fil des siècles. Des Peuls animistes s'infiltrèrent par petits groupes. Puis se produisirent les grandes vagues des Peuls et Mandingues aux xvie, xviie et xviiie siècles en provenance du Fouta-Toro au Sénégal et du Macina au Mali. Avec eux ils apportent leurs coutumes, leurs cultures et surtout une religion, l' islam. Une partie des anciens occupants se vit refouler le long de la côte, en Guinée maritime. Avec les autres s'instaure une coexistence difficile jusqu'à ce que les musulmans déclenchent finalement en 1727 la « guerre sainte ». Vainqueurs, ils ne laissèrent d'autre choix aux vaincus que « la conversion, l'exil ou la servitude ».
Traditions orales et écrits arabes permettent de saisir quelques grands moments et de brosser à larges traits des pans d'histoire. Au ixe siècle, dans les régions du haut Sénégal et du haut Niger, s'établit un royaume mandingue, vassal de l'empire de Ghāna. Ce dernier s'étendit de l'Atlantique jusqu'au fleuve Niger et ne se disloqua définitivement qu'au xie siècle après avoir connu jours de gloire et heures de détresse. Il hante encore la mémoire collective des peuples de l'Ouest africain, au point que l'un des nouveaux États s'en est approprié indûment le nom en 1957 : la Gold Coast est devenue le Ghana.
Deux siècles plus tard, avec Niani pour capitale (Niani n'est plus maintenant qu'un petit village guinéen), un immense empire se forme avec Soundiata (1230-1255). Sous le nom d' empire du Mali, il atteint son apogée au xive siècle, de la région nord de la Guinée jusqu'à Tombouctou. Des pays vassaux gravitaient autour de lui, depuis les régions du Sénégal et de la Gambie jusqu'à Gao sur le Niger. Au xve siècle, le déclin commence, des vassaux s'affranchissent, dont un chef du Fouta-Djalon, Koli Tenguela. Avec lui s'ouvre l'ère des Peuls musulmans.
Les Peuls font désormais l'histoire au Fouta-Djalon en s'isolant relativement des autres régions de Guinée, pendant toute la période des xviiie et xixe siècles. Ils vont y créer, selon T. Diallo, une sorte de « régime théocratique de type féodal fondé idéologiquement sur une religion, l'islam, mais économiquement sur l'exploitation d'un esclavage familial ». Les deux grands fondateurs en sont Karamoko Alpha, de 1725 à 1750, puis son cousin et successeur, Ibrahima Sori, de 1751 à 1784. Ce dernier porte le titre prestigieux d'almami. Des institutions politiques originales surgissent. Ainsi, pour mettre fin à des rivalités, le Conseil des anciens instaure, à la mort d'Ibrahima Sori, un bicéphalisme d'alternance. Deux almami, l'un descendant de Karamoko Alpha et l'autre d'Ibrahima Sori, sont désignés comme détenteurs du pouvoir. Mais ils ne l'exercent qu'en alternance par périodes de deux ans. Un tel système fonctionne jusqu'en 1896, date où des rivalités tragiques entre les deux familles facilitent alors la conquête française.
La page suivante de l'histoire est écrite en haute Guinée, par Samory Touré de 1870 à 1898 avec les Malinké. Samori Touré incarne, selon Y. Person, une révolution dyula en organisant un empire « chez des Malinké qui avaient renoncé depuis plus de trois siècles à toute organisation politique centralisée ». Véritable homme d'État, il se dote d'un instrument essentiel en créant une armée permanente de type moderne. Celle-ci est même capable un[...]
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Écrit par
- Monique BERTRAND : géographe, directrice de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (U.R. 013, migration, mobilités et peuplement)
- Bernard CHARLES : professeur à l'université de Montréal
- Agnès LAINÉ : docteur en histoire de l'université de Paris-I, chercheuse associée au Centre d'études des mondes africains, unité C.N.R.S. 8171
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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